Site de R. Chaudenson
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LE CAPES CREOLE


SOMMAIRE
 
  Les "géréqueries"
  L'interview de RFO : l'attentat manqué
  La guerre des communiqués du CVCC
  Communiqué n° 22 "Un colonialiste dans nos eaux"
  Courriel de "Che Confiant" : information
  Communiqué n° 23 "Les 5 mensonges du colonialiste Chaudenson"
  Ma conférence à l'IUFM
  Communiqué n° 24 : Chaudenson annonce les résultats du CAPES
  Confiant à Bernabé
  Bernabé à Confiant
  Courriel de Confiant odieusement attaqué par Chaudenson
  Lettre Bernabé/Gerry l'Etang au Président de l'IUFM
  Lettre de Gerry l'Etang
  Les réactions  : Courriel Eliazora à Poto Mitan (1/1/04)
  Les réactions : Comité de défense du créole du peuple
  Lettre ouverte : droit au débat et respect de la personne
  La fin des "Vigilants" du CVCC
  Don Ralph  perd les pédales ; courriel du 29/1/04
  Communiqué de Confiant : Chaudenson = Bob Denard
  Kounta/Poto Mitan désavoue le CVCC
  Kounta Banare "Déçu par quelqu'un en qui j'ai été confiant"
  Article de Bernabé dans Antilla (14 janvier 2004)
  Mon droit de réponse dans Antilla


LES GEREQUERIES

CHRONIQUES D'UNE MISSION D'ENSEIGNEMENT A LA MARTINIQUE(14 décembre 2003 - 22 décembre 2003) ET DE SES MULTIPLES SUITES
"D'où il fut fait grosse guerre" F. Rabelais
GEREKRI, qui a été, à l'origine, dans mon ordinateur, un simple nom de document,  peut, en fait,  se lire de diverses façons : "GEREC écrit" (le GEREC écrit beaucoup, des communiqués enflammés ou des guides du CAPES, généralement des plus médiocres) ; "GEREC crie" (car le GEREC, qui injurie si volontiers, hurle au complot à la moindre réplique de ses cibles; il est comique de voir Confiant pleurnicher que je l'attaque alors qu'il m'insulte depuis trois ans!); "GEREC rit" (cette lecture étant, désormais, de plus en plus improbable, comme on va le voir); "gérèqueries", etc Ce dernier terme, qui commence comme "GEREC" et finit à la fois comme "âneries" et "escroqueries", m'a finalement semblé désigné par le hasard comme l'interprétation la plus adéquate de Gerekri.
Nombre de personnes m'ont fait observer que je faisais trop d'honneur à ces folliculaures en leur répondant ainsi. Je crois pourtant utile et même nécessaire cette action de "dégérèquisation" depuis que je suis allé en Martinique, en décembre 2003. Auparavant, une fois passée la fin de l'année 2000 et les affrontements autour de mon article sur le CAPES paru dans Libération (novembre 2000), je n'avais pas répondu aux attaques injurieuses multiples dont j'avais été l'objet. En revanche, j'avais été heureux d'avoir des conversations amicales avec quelques-uns des protagonistes initiaux du débat comme Jean Bernabé (en janvier 2002 à Sainte-Lucie), comme Patrice Threutard (en novembre 2002, lors du colloque de la Réunion) ou Hector Poullet (au début de 2003 à Paris). Pour le reste, les aboiements du CVCC ne m'ont jamais ému et je ne me suis jamais donné la peine d'y répondre. Il me faut donc expliquer ici pourquoi ma mission d'enseignement en Martinique a changé toutes les données du problème et m'a conduit à consacrer à ces querelles un temps qu'elles ne méritent sans doute pas, si l'on se limite à l'aspect objectif des choses, mais que la situation martiniquaise me semble rendre indispensable.
On observera, avec étonnement, que R. Confiant, qui m'injurie depuis trois ans de façon régulière sans que je réplique, du simple fait que je suis même pas au courant de ses insultes, va montrer, de plus en plus dans les textes qui suivent sa stupeur, puis son indignation de me voir répondre, souvent un peu vigoureusement, à ses propos et à ses mensonges. Décidémment, comme on disait naguère, "ce mec est trop!".
Ma mission à Fort de France (14-22 décembre 2003).
La mission d'enseignement que j'ai faite en Martinique a été pour moi très riche d'enseignement. J'ai été couvert d'injures, en particulier par R. Confiant, mais, depuis fin 2000, j'étais habitué à la psychopathie confiantesque et comme, en plus, ses écrits me concernant ne m'étaient jamais adressés, j'en ignorais le plus souvent jusqu'à l'existence. Ce silence de ma part a sans doute conforté chez R. Confiant sa foi aveugle dans un talent de polémiste qu'il se reconnaît volontiers. Pour ma part, je ne parviens pas à le percevoir dans ses écrits, qui ne sortent du registre de l'injure que pour tourner à la calomnie ou au chantage. Il est vrai que les incertitudes de Confiant dans le maniement de la langue française le conduisent sans doute à ignorer le sens du mot "polémique".
En fait, mon expérience martiniquaise a été des plus intéressantes. En répondant à l'invitation de l'IUFM, je ne savais pas que les cours de langue et culture créoles qu'on me demandait constituaient une remédiation modeste (20 heures de cours) à la désertion des enseignants de l'Université des Antilles et de la Guyane qui, faute de voir réussir le chantage qu'ils avaient tenté d'exercer sur la direction de l'UIFM en prétendant lui imposer leur coordonnateur des enseignements de langue et culture régionales (ce qui est tout simplement inouï!), ont décidé de ne plus assurer les cours qu'ils donnaient auparavant. Si, comme ils le hurlent à l'envi, on a introduit un loup dans la bergerie, c'est totalement et exclusivement de leur fait et par leur faute! Ils ont répandu le bruit que les enseignements avaient lieu à l'UAG (et non à l'IUFM) dans les années précédentes (je viens de l'entendre dire à Paris) ; ce n'est qu'un mensonge de plus et d'ailleurs on peut trouver le détail des enseignement assurés l'an dernier à l'IUFM dans le site kapeskréyol où l'on n'a même pas pris la peine de supprimer le programme 2002-2003 que ces mêmes enseignants ont soudain refusé d'assurer en 2003-2004.
Ces enseignements ont été pour moi pleins d'intérêt puisque j'ai eu comme étudiants tous les stagiaires de l'IUFM qui s'intéressent, à un titre ou à un autre, aux enseignements de langues et cultures créoles. J'ai surtout découvert que le GEREC (mais en fait R. Confiant dont je ne m'explique pas l'ascendant sur ses collègues, vu sa nullité scientifique et académique) impose au plan universitaire et scientifique un régime totalitaire de terreur qui s'apparente à ceux du Kampuchea démocratique de Pol Pot ou de la Roumanie de Ceaucescu. On désigne à la vindicte publique ou on traîne dans la boue tous ceux qui manifestent la moindre velléité d'indépendance par rapport à l'orthodoxie géréquienne. On prononce des sentences d'exil (contre L.F. Prudent) ou des interdictions de séjour (contre moi), mais on constate désormais que ces rodomontades sont aussi vaines que grotesques). On insulte et on menace tous ceux dont on pense qu'ils pourraient jeter quelque doute sur les vérités révélées par le GEREC. A Pol Pot et Ceaucescu, il faudrait même ajouter Hitler puisque les sbires du GEREC sont envoyés dans les librairies de Fort-de-France pour y déchirer mes livres!
Au cours de ce séjour, ma grande surprise a été le nombre considérable de témoignages de sympathie et d'approbation que j'ai reçu, alors que le GEREC affirma partout que toute la Martinique est derrière lui. J'ai véritablement eu le sentiment, non pas tant que les points de vue que j'exprimais étaient unanimement approuvés (je n'ai d'ailleurs pas eu le temps de dire grand chose dans les interventions publiques que j'ai pu faire à la radio ou à la télévision locales), mais que beaucoup de gens étaient contents d'entendre ou de voir exprimer enfin des points de vue autres que ceux du GEREC. L'intervention la plus longue que j'ai pu faire, l'émission télévisée, le "Club" sur ATV, ayant été diffusée après mon départ, je n'ai pas juger des réactions qu'elle a suscitées, mais elles semblent avoir été de même nature.
L'interview de RFO : l'attentat manqué
J'ai surtout pris conscience, lors de ce bref séjour, que cette monopolisation de l'opinion par le GEREC repose sur une mainmise quasi totale sur les médias et l'internet. Je savais déjà que, pour des raisons que j'ignore, Antilla était largement acquis au GEREC. On constatera dans la suite que, suite à ma mission, R. Confiant et J. Bernabé se sont vus, à de multiples reprises, ouvrir les colonnes de ce magazine. Tous les téléspectateurs qui ont vu mon interview au journal de 19 heures, mercredi 17 décembre 2003, ont été stupéfaits de la hargne et de l'agressivité, tout à fait inhabituelles, du journaliste qui m'interrogeait. Il est très clair que c'était là un guet-apens qu'on m'avait tendu et que les questions avaient été préparées en liaison avec le GEREC ou par le GEREC lui-même.
De deux choses l'une : soit ce journaliste, qui s'est manifestement contenté de me poser ces questions agressives, ne les avaient pas préalablement lues ou n'en avait pas vérifié la pertinence et dans ce cas il a une singulière idée de son métier et a fait une confiance aveugle (sans jeu de mots!) à celui qui lui a préparé ces questions ; soit ce journaliste est complice du groupe de désinformation qui a tenté de m'attirer dans ce traquenard.
Quand j'ai vu que je n'avais même pas rencontré le journaliste avant le journal, que j'ai été introduit en cours de journal sans même savoir de quoi il allait être question et surtout que la maquilleuse elle-même savait que je venais pour le CAPES (ce  que je ne savais pas moi-même), j'ai flairé le piège. Je l'ai d'autant plus flairé que j'ai dans le passé fait un grand nombre d'interviews à RFO et que je connais les méthodes de travail de cette radio.
Cela ne m'a nullement gêné, bien au contraire. Le journaliste, à qui l'on avait préparé cinq questions, toutes plus agressives les unes que les autres, toutes sur le CAPES (dans lequel je n'ai ni rôle ni responsabilité), a accumulé les informations fausses et s'est montré particulièrement hargneux; j'avais donc toutes les raisons de répondre sans ménagement. De ce fait, le pauvre s'est trouvé plus déconcerté que moi et m'a sottement, à la fin de l'entretien, donné l'opportunité d'inviter, publiquement et officiellement, le GEREC à la conférence-débat que je donnais le lendemain à l'IUFM. J'aurais été sincèrement heureux que le GEREC réponde à cette invitation et que nous puissions avoir un débat public sur ces questions. Naturellement personne n'est venu et les Martiniquais n'ont pas manqué de se faire une opinion sur cette dérobade.
Monopolisant les médias, les sectateurs du GEREC investissent aussi l'espace électronique où, sous couvert d'anonymat ou de références pseudo-associatives (on verra plus loin ce que j'entends par là et ce qu'il en est advenu), ils peuvent diffuser des "communiqués" où voisinent l'injure, le racisme et la calomnie.
Il m'est donc apparu nécessaire et urgent de pouvoir apporter, pour ceux et celles qui le souhaitent, des éléments d'information que la presse écrite ou audiovisuelle locale ne peut ou ne souhaite pas diffuser. Comme je pensais, depuis plusieurs mois déjà, créer un site internet (à de toutes autres fins d'ailleurs), ces circonstances m'ont conduit à faire avancer rapidement ce projet.
La guerre des communiqués du CVCC
On trouvera donc ci-dessous la plupart des "communiqués" du GEREC ou de ses avatars (le CVCC) ainsi que des éléments de rétablissement des faits ou de réfutations d'argumentations qui, comme on le constatera dans la suite, tournent généralement court pour céder la place aux injures et aux calomnies.
Je me limiterai souvent à reproduire les textes, sans répondre sur le fond. D'abord, parce que , pour la plupart, ils n'en ont pas. Ensuite, parce que, selon la maxime de Pierre Dac, "quand on va au fond des choses, on y reste".  Je me bornerai donc à des commentaires qui n'auront d'autres finalités que de souligner les ignorances, les âneries, les palinodies, les mensonges, les contradictions des intervenants et en particulier celles de R. Confiant qui est le plus souvent la "voix" du GEREC ; je ne sais trop comment écrire ce mot car, comme on peut le vérifier en lisant sa thèse, cet "auteur" ne fait pas, en français, le différence entre "voie" (< via) et "voix" (<vox) de même que, quoique se flattant dêtre dans le Larousse, il ne connaît pas l'orthographe de ce nom qu'il s'obstine, depuis des années, à  écrire avec deux r. On n'en finit pas de compte ses ignorances que son incorrigible pédantisme rend insupportables. Ce n'est pas grave bien sûr, mais rien n'est plus irritant chez les ignorants de son espèce que leur incessant besoin de parler des choses savantes qui leur sont étrangères.
Mes commentaires, pour plus de clarté, seront en italiques et, quand ils sont dans les textes mêmes, entre crochets.
 
 


Communiqué N°22 (diffusé avant mon arrivée).
Un colonialiste dans nos eaux

par le C.V.C.C. (Comité de vigilance pour le C.A.P.E.S de créole)

A la mi-décembre, la Direction de l’IUFM-Martinique, persistant dans sa voie anti-créole, invite Robert CHAUDENSON, chantre de la francophonie impérialiste et accessoirement spécialiste du créole réunionnais, a prononcer une conférence devant les étudiants préparant le Professorat des écoles-option créole et le CAPES de créole. Mieux, ce monsieur se fendra d’un cours sur “la didactique du français en milieu créolophone”! [On trouvera plus loin mon commentaire sur ce point et dans les archives du site la liste de mes publications ; il est évident que R. Confiant, par ses travaux et titres académiques comme par son expérience (il était naguère encore maître-auxiliaire d'anglais), est plus qualifié que moi pour ce genre d'enseignement!] Il convient de rappeler que R. Chaudenson s’est violemment opposé à la création du CAPES de créole par le Ministère de l’Education Nationale en l’an 2000. L’article ci-joint (publié dans le quotidien “LIBERATION”) en est la preuve formelle. Comment donc aujourd’hui, la direction de l’IUFM-Martinique peut-elle inviter semblable personnage à faire des cours devant des étudiants qui préparent…le CAPES de créole? Il s’agit là de toute évidence d’une provocation diligentée par certains individus exilés loin de la Martinique et qui souhaitent y reprendre pied, chose que nous ne permettrons jamais.[L.F. Prudent que désigne cette périphrase est actuellement, et fort heureusement, en Martinique ; on voit ce que valent les rodomontades de Confiant ; comme dit le proverbe réunionnais "parol de Konfian, kou d pèt de sien"] Dès la parution de l’article anti-CAPES de Chaudenson, une vive réprobation s’est aussitôt élevée dans la plupart des pays créolophones. Témoins les trois textes ci-joints émanant :· pour la Réunion, d’Axel Gauvin, écrivain et enseignant à l’Université de la Réunion, · pour la Martinique, de Jean Bernabé et Raphaël Confiant, enseignants à l’Université des Antilles et de la Guyane.· pour la Guadeloupe, de Hector Poullet et Laurent Farrugia, enseignants du secondaire et écrivains.Dans sa propre université (Aix-en-Provence), Chaudenson fut désavoué par certains de ses collègues, ce qui provoqua l’implosion du groupe de recherches sur le créole qui y existait et sa disparition en tant qu’équipe du CNRS. Il est à noter d’ailleurs que Chaudenson et ses collègues n’ont formé en 25 ans d’existence aucun jeune créoliste français! Tous les créolistes qui montent, en Occident, sont pour la plupart allemands, anglais, américains ou canadiens. Il est vrai que la créolistique ne fut pour ce monsieur qu’un marchepied, un tremplin vers une défense colonialiste de la francophonie, éradicatrice des langues locales (dont le créole), francophonie lourdement subventionnée, il est vrai, par divers ministères et organismes, ce qui favorise voyages, postes juteux et autres prébendes.
[Je rappelle que le GEREC s'appose, à intervalles variables, selon les besoins, une fausse queue sous la forme d'un"-F" qui veut dire FRANCOPHONE! Quelle horreur que cette compromission régulière avec le colonialisme! Nul ne semble s'interroger sur ce fait. Pour ce qui concerne les thèses que j'ai dirigées, on en trouvera la liste dans les archives du site.]
NOUS NE PERMETTRONS PAS AU COLONIALISTE CHAUDENSON DE PRENDRE PIED A LA MARTINIQUE!Mais il y a pire: c’est le gaspillage financier entraîné par la venue de ce monsieur alors que le campus de Schoelcher dispose d’un Institut Supérieur d’Etudes Francophones (ISEF) doté d’enseignants parfaitement capables d’assurer les cours de “Didactique” que Chaudenson s’apprête à délivrer à grands frais. La Direction de l’IUFM-Martinique prend là une lourde responsabilité à un moment où l’Etat est en train de réduire drastiquement les fonds qu’il alloue aux organismes de formation tels que les IUFM et les Universités.La meilleure preuve que l’ISEF peut tout à fait, et à bien moindre coût, prendre en charge de tels cours, réside dans le fait que l’ex-coordonnateur du CAPES de créole et actuel coordonnateur du P.E.-option créole, bras droit du directeur de l’IUFM-Martinique, a jugé utile, après une quinzaine d’années en tant qu’instituteur, de venir faire une licence de didactique…à l’ISEF ! ! !NON AU GASPILLAGE FINANCIER A L’IUFM-MARTINIQUE !  LE C.V.C.C.



 [Le texte suivant, non daté, est sans doute antérieur à ma venue en Martinique car on y sent des parfums d'élections ; le vote avait eu lieu le dimanche qui a précédé mon arrivée. Ce billet doux est néanmoins tellement significatif qu'il valait la peine de le reproduire]

Information (POUR INFORMATION)
Cher Jean Bernabé, Je t'informe qu'à dater de ce jour, mon action en faveur du créole se fera EXCLUSIVEMENT à travers l'action politique et notamment de "BATIR LE PAYS MARTINIQUE" dont je suis membre depuis cinq ans. Je vais, avec Jane,Carine et Mandibèlè, préparer des dossiers sur différents sujets que nous remettrons à notre député EDMOND-MARIETTE, à SAMOT, qui sera bientôtsénateur du Sud, à Louis BOUTRIN, conseil régional et Jane ETIENNE qui, nous l'espérons, le deviendra aussi, que nous gardions deux assemblées ou que nous n'en ayons plus qu'une seule. Ceci  veut dire qu'il est désormais HORS DE QUESTION pour moi d'allernégocier avec les représentants de l'Etat français (Recteur, DRAC etc...).Je n'ai pas de temps à perdre avec des sous-fifres et des petits fonctionnaires de merde dont tout le monde aura oublié le nom lorsqu'au bout de trois ans ils auront quitté la Martinique. Toutefois, je comprends que toi et d'autres, vous ayez une autre vision des choses. Je pense que tutrouveras suffisamment de planqués au GEREC-F et au DEPA (chargés de cours, ATER, MCF et profs), qui sont là grâce aux combats que nous avons menés depuis trois décennies, pour t'accompagner chez le Recteur ou le DRAC. A propos de ce dernier, il nous est très favorable et m'a invité à déjeuner deux fois depuis son arrivée.
[ Ralph devait se souvenir que, selon l'Ecriture, le "pain du méchant emplit la bouche de gravier". Que dire de celui qu'offre un "petit fonctionnaire de merde" ?]
Il est très branché littérature et sera d'accord pour aider davantage les PUC et financer les "Mardis culturels du Monde créole". Mais désormais, je ne veux plus rien avoir à faire avec les représentants de l'Etat colonial ; cet Etat ne comprend que la pression politique ou militaire (Corse). Quand on joue les gentils petits garçons, comme ce fut notre cas pour le CAPES de créole, ils vous roulent dans la farine ! S'agissant de la Fac et de l'UAG, je vais aussi mettre la pédale douce et me préoccuper plutôt d'écrire mes romans, chose que je néglige depuis que je suis devenu MCF. Je ne crois plus ni en la pérennité du GEREC-F ni en celle de l'UAG. Quand Damoiseau et toi serez partis à la retraite d'ici deux ou trois ans, le GEREC-F Martinique va disparaître ou va se transformer en une structure dominée par l'anthropologie, la sociologie, l'info-com, la didactique ou les sciences de l'éduc. La créolistique et la linguistique n'y auront plus voix au chapitre.
D'autant qu'au niveau des jeunes doctorants Martiniquais, je ne vois que des arrivistes et des non-militants de la cause créole
[R. Confiant est habituellement plus aimable avec les étudiants, surtout quand il s'agit de les manipuler dans la perspective de ses propres intérêts].
C'est triste mais c'est comme ça ! Quant au devenir de l'UAG, il était déjà menacé par le DSI, il le sera encore plus par le DLI. A quoi bon dans ces conditions perdre du temps à sauvegarder une unité qui devient chaque jour plus chimérique ? Je serai plus utile à la Martinique en écrivant mes livres qu'en perdant mon temps dans des conseils d'UFR ou d'administration. Cordialement. Ralph


Communiqué N°23
Les 5 mensonges du colonialiste Chaudenson
par le C.V.C.C. (Comité de vigilance pour le C.A.P.E.S de créole)

22 décembre 2003
Ceux qui ont orchestré, en fin décembre 2003, la venue de Robert Chaudenson à la Martinique et ont obligé les étudiants-stagiaires de l’IUFM-Martinique à assister à sa semaine de cours sous peine de retrait d’1/30ème par jour d’absence sur leur salaire, ceux qui ont promené cet individu de RFO à ATV, en passant par RCI et France-Antilles, sont à nos yeux les premiers responsables des mensonges diffusés par celui-ci dans notre pays et, le moment venu, auront à s’expliquer sur de tels agissements.[Nul doute qu'ils tremblent! Signalons au passage que les stagiaires IUFM sont des fonctionnaires et qu'ils sont, de ce fait, tenus d'assister aux enseignements, aux miens comme aux autres, ce qui semble assez normal.] Pour l’heure et afin d’éclairer le grand public, nous nous contenterons d’épingler 5 mensonges parmi le tissu qu’a déroulé Chaudenson comme à loisir :“Jean Bernabé, mon ami de 28 ans”: affirmation fausse. Bernabé et Chaudenson n’ont jamais été ni amis ni ennemis et ont tout simplement collaboré pendant plusieurs années au sein du C.I.E.C (Comité International des Etudes Créoles) lequel compte pas moins d’une cinquantaine de membres de huit nationalités différentes. Les positions défendues par Chaudenson n’ont jamais été celles de Bernabé et inversement. Cela d’abord parce que Chaudenson n’a jamais vu d’un bon œil la création du GEREC c’est-à-dire d’une structure d’études et de recherches sur le créole à la fois autonome et autochtone, lui qui est parvenu à mettre les créolistes réunionnais sous son étouffoir pendant près de 30 ans. Cela est si vrai, qu’au milieu des années 90, à la suite d’un rapport assassin d’un “expert national” sur le créole, le GEREC-F s’est vu privé pendant 4 ans de toute subvention de la part du Ministère de l’Education Nationale, subventions normalement allouées à tous les groupes de recherches universitaires. Motif avancé par le soi-disant expert: le GEREC-F ne produit rien. Devinez qui a pu être cet “expert” et jugez ainsi de son “amitié de 28 ans”! [Sur la question de mon rôle comme "expert", je réponds plus loin et je la laisse donc de côté. Tout cela est absurde et ne témoigne que d'une ignorance crasse de choses de l'université. Il n'existe pas "de subventions normalement allouées à tous les groupes de recherches universitaires". Fort heureusement d'ailleurs, car cela permet de distinguer les bons des médiocres et des mauvais. C'est même là que réside le rôle des expertises. On verra plus loin quelle est la réalité des faits.Le CIEC compterait "une cinquantaine de membres" et j'y aurais, un peu par hasard, voisiné avec Jean Bernabé. Le CIEC, dont la composition figure dans tous les numéros d'Etudes créoles, revue que Confiant devrait lire davantage pour son information, compte vingt membres (et non cinquante et à l'époque il n'en comptait même que 15) et de sa création jusqu'à 1999, c'est-à-dire pendant 23 ans, Jean Bernabé a été Vice-président (avec Mervyn Alleyn, de l'Universtié des West Indies, et Danielle Jorre de Saint Jorre, Ministre des Affaires Etrangères des Seychelles) et membre du Bureau du CIEC.. Je dirai, de M. Alleyne et de D. Jorre de Saint Jorre (hélas récemment décédée), comme de Jean Bernabé, qu'ils (ou elle) sont (ou a été) mes ami(e)s. Cela n'implique nullement que nous ayons toujours été d'accord sur tout. J'ajouterai que j'ai un peu découvert la Martinique avec Jean Bernabé (lors de mon premier séjour en 1978) et il doit se souvenir que je l'ai bien conseillé dans sa carrière, à ce moment et après, en le poussant à abandonner la thèse de 3e cycle qu'il avait entamée, pour faire directement sa thèse d'Etat ; un troisième cycle ne lui servait à rien puisqu'il était agrégé. “Raphaël Confiant n’a pas sa place au jury du CAPES de créole car il n’est pas linguiste mais littéraire” : affirmation faussse. [A qui fera-t-on croire que j'ai tenu pareil propos ? Que Confiant ne soit pas linguiste ; cela ne fait aucun doute ; il s'est d'ailleurs gardé de tenter se faire qualifier en 7e section du Conseil National des Universités (sciences du langage). Son incompétence est notoire ; passons. Comment aurais-je pu qualifier de "littéraire" quelqu'un qui, pour ce qui est de la littérature française, dont il affecte de parler, n'a même pas le niveau d'un bon élève de lycée. Exemples : Confiant situe la Pléiade (qui prend place au milieu du XVIe siècle) au milieu du XVIIe et fait du Parnasse (au XIX e siècle) un mouvement littéraire du XVIIIe siècle! Ce ne sont pas des inadvertances, toujours possibles ; il le dit et le répète, dans sa "thèse" (j'hésite à user de ce terme pour qualifier cette "chose") comme dans ses Guides. Le compte rendu que j'ai fait de sa thèse étant trop peu connu, je vais le faire figurer dans les archives de ce site ; pour le Parnasse au XVIII siècle, cf. la "thèse" page 154]. D’abord parce le CAPES de créole n’est pas un CAPES de linguistique [Qui a jamais dit cela?], ce dernier n’existant d’ailleurs pas! Ensuite, parce que comme tout CAPES de langue (anglais, espagnol etc…), les matières principales des épreuves écrites de ce concours sont…des matières littéraires. A savoir: a) la dissertation créole qui n’exige pas d’être linguiste mais bien d’avoir une bonne connaissance de la littérature créole; b) la traduction français/créole qui exige d’avoir de bonnes connaissance en matière de grammaire normative et de lexique des deux langues concernées mais pas spécialement de linguistique. A l’oral du CAPES de créole, les candidats admissibles peuvent être interrogés dans 4 disciplines différentes: histoire des sociétés créoles, géographie des sociétés créoles, anthropologie des sociétés créoles et linguistique créole. On le voit donc, la linguistique n’est qu’une simple discipline de l’oral au CAPES de créole sur laquelle tous les candidats ne sont pas forcément interrogés. Mais le plus malhonnête dans la contrevérité émise par Chaudenson, c’est que les jurys des deux premiers CAPES de créole étaient massivement composés d’historiens, d’anthropologues, de géographes, de littéraires et d’enseignants du secondaire, tous amis ou alliés de Chaudenson. Jurys dans lesquels il n’y avait AUCUN membre du GEREC-F!“J’ai toujours été favorable à un CAPES de créole monovalent et non au CAPES bivalent voulu et obtenu par le GEREC-F”: faux là encore. Chaudenson n’a jamais été favorable à AUCUN CAPES de créole, monovalent ou bivalent, ce qu’il a clairement exprimé dans un article publié dans le quotidien “LIBERATION”, en février 2000, article largement diffusé par nos soins dans lequel il accuse le Ministère de l’Education Nationale d’avoir créé le CAPES de créole pour “apaiser les excités martiniquais”! Cette histoire de Capes monovalent, qu’il sort à présent de son chapeau, n’est venu qu’en deuxième ligne de défense, lorsque les Chaudensonniens ont compris qu’ils ne parviendraient pas à empêcher la création du CAPES. Dès lors, il devenait urgent pour eux de le couler en l’enfermant dans…le Tout-créole. En effet, un CAPES de créole monovalent reviendrait à ne faire composer les étudiants que sur des épreuves liées à la seule langue et culture créoles, chose que le GEREC-F a toujours refusé. Ce dernier s’est toujours battu pour un CAPES bi-valent (créole-anglais; créole-espagnol; créole-lettres modernes; créole-histoire; créole-géographie) qui donne une double compétence aux candidats reçus et leur offre ainsi une chance de pouvoir continuer à travailler si jamais un jour ils étaient conduits, pour une raison ou une autre, à enseigner dans une académie non-créolophone. En feignant donc d’être plus royaliste que le roi (CAPES Tout-créole), Chaudenson ne cherchait en fait qu’à noyer le poisson mais cette misérable manœuvre a échoué: c’est le CAPES bivalent qui a été choisi par le Ministère.[Ce que je dis du CAPES dans ma conférence montre que je n'ai pas de conviction sur la question de la bivalence ou de la monovalence. Je n'ai naturellement jamais dit que j'avais toujours été favorable à un CAPES monovalent. J'ai dit et je le répète que, dans les conversations que j'ai eues, en 2002, à Sainte Lucie dans un colloque scientifique avec Jean Bernabé (ce que Confiant nomme "fricotages"), j'ai été étonné d'apprendre que le GEREC était favorable à la bivalence.] “La préparation au CAPES de créole organisée par le GEREC-F sur le campus de Schoelcher depuis septembre 2003 ne compte plus un seul étudiant”: archifaux. C’est au contraire la préparation organisée par l’IUFM-Martinique qui, n’ayant pu rassembler que…2 étudiants, a dû s’arrêter début novembre, faute de combattants. Celle du GEREC-F continue à rassembler une douzaine d’étudiants soit le même chiffre que lors des CAPES de 2002 et 2003.
[Il faudrait décidément transcrire et publier le texte de l'émission "le Club" sur ATV ; je n'ai fait que répondre aux questions qui m'étaient posées. J'ai cru comprendre qu'à l'UAG, la préparation "sauvage" et, pour les enseignants "bénévole" du CAPES créole, battait de l'aile; en tout état de cause, ille n'a rien eu de commun avec les promesses mirifiques faites d'une "préparation gratuite du CAPES 2003-4 à l'UAG (qu'on a même oublié de retirer du site "Kapes kreyol". Tout le monde savait en Martinique que cette fameuse préparation, dont le seul but était de débaucher les candidats de l'IUFM ,'avait pas lieu. C'est ce qui m'a conduit à dire que je pensais voir se réduire de beaucoup le nombre des candidats, donc des reçus martiniquais. Toutefois, si j'en juge par les évaluations que Confiant fait de la valeur, de la compétence et du travail de ses collègues, (cf. ci-dessous), cette préparation ne sert peut-être, en fait, à rien!). Je suggérerai volontiers à Don Confiant de créer, outre le "Comité de Vigilance du Capes Créole", une commission de censure qui contrôlerait, avant parution, les écrits des autres membres du GEREC (elle pourrait aussi examiner les textes de Confiant lui-même pour en éliminer les erreurs, les mensonges et les aberrations, mais qu'en resterait-il alors ?). En effet, Gerry L'Etang, dans son zèle naïf à se mêler à ce concert épistolaire, vend sottement la mèche et écrit (le texte est cité et commenté ci-dessous car il en vaut la peine) :"Des étudiants de l’UAG qui se destinent à préparer le même concours, m’attendaient en cette rentrée de janvier tiraillés entre sarcasme et angoisse"Le pauvre garçon n'a pas compris tout le film ; il lâche le morceau "DES" étudiants "se destinent", à trois mois du concours, à commencer à le préparer à l'UAG ! Mieux vaut tard que jamais.] “Les étudiants ont quitté la préparation au CAPES de créole organisée par le GEREC-F à cause de la mauvaise qualité de cette formation”: archifaux et risible. En effet, pendant les deux premières années d’existence du CAPES de créole, la préparation des candidats à l’IUFM-Martinique a été assurée par pas moins de…6 enseignants du GEREC-F. Ces derniers, ayant cessé toute collaboration avec l’IUFM en cette troisième année d’existence du concours, seraient-ils subitement devenus nuls ou incompétents?
[ Cette préparation annoncée n'existe pas comme le prouve les propos de Gerry l'Etang .Je crois en outre n'avoir rien dit de tel, même si, à examiner les productions pédagogiques et les travaux scientifiques de Confiant et L'Etang, je me dise que j'aurais peut-être dû le dire, au moins pour eux car, fort heureusement, d'autres intervenants ne jouent pas dans la même division!]
On le voit donc, le sieur Chaudenson a multiplié les contrevérités lors de son passage, aidé en cela par des Martiniquais qui par ailleurs – du moins pour certains d’entre eux – ont encore le culot de se draper dans la toge “anticolonialiste-féministe-trostskyste et bla-bla-bla”. Avec de tels faux-jetons on comprend un peu mieux le succès du “NON” au scrutin du 7 décembre dernier.      LE C.V.C.C.





Pour rétablir les faits, face aux mensonges permanents du CVCC, le plus simple me paraît de reproduire ici le texte de la conférence que j'ai donnée à l'IUFM le jeudi 18 décembre 2003. On y trouvera la réalité de mes propos et de mes positions.

 Robert CHAUDENSON
 

CONFÉRENCE FAITE À L'IUFM DE FORT-DE-FRANCE LE 18.12.03

L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES ET CULTURES RÉGIONALES : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, chers collègues, chers amis,

L'enseignement des langues et cultures régionales : état des lieux et perspectives.

Le thème qu'on m'a proposé pour cette conférence est vaste, mais, comme vous pourrez le constater dans un moment, je me propose de l'élargir encore ou, plus exactement, de le traiter en amont d'une approche étroitement pédagogique. Toutefois, avant d'aborder le sujet lui-même, je voudrais faire quelques observations et compléments, tant au sujet de ma venue à la Martinique qu'à propos de l'interview qu'à sollicité de ma part, hier mercredi 17 décembre, la chaîne de télévision RFO Martinique pour son journal télévisé du soir. Ces remarques me serviront, en quelque sorte, comme le sujet proposé m'y invite, à établir un état des lieux, au moins pour les sessions du CAPES créole de 2002 et 2003 avant de passer aux perspectives qui seront la seconde partie de ma conférence.

Les CAPES 2002 et 2003 : Etat des lieux
Un loup dans la bergerie
Ma venue en Martinique, à l'invitation de l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres, trois ans après l'affaire du CAPES Créole(s), a suscité un de ces communiqués vengeurs dont le "Comité de vigilance du CAPES de Créole", le CVCC, détient, semble-t-il, le secret. Je ne connaissais pas ce CVCC, mais, en voyant le ton et le prudent anonymat de ce texte, je n'ai pu m'empêcher de penser à la fois aux Comités de vigilance des Croix de feu et surtout aux Vigilants du Ku-Klux-Klan du Sud des Etats-Unis. Depuis que je sais que des individus de cette mouvance déchirent mes livres dans les librairies de Fort-de-France, la connotation nauséabonde de cette mouvance, toujours abritée sous la cagoule de l'anonymat, n'a fait que se préciser. Ce texte appelle néanmoins deux remarques.

La première est que curieusement, ce communiqué d'une page est assorti, outre le texte de mon article de Libération de novembre 2000[texte dans les archives du site], de trois autres textes dont, curieusement, on ne donne pas les dates.

L'un est d'Axel Gauvin. Il est aussi de novembre 2000. Je n'y ai jamais répondu dans la mesure où, selon l'habitude de ce groupuscule, il ne m'a pas été adressé. A. Gauvin y manifeste un vif, un violent désaccord avec mon point de vue, désaccord que ne partageaient pas mes amis et collègues Lambert-Félix Prudent et Carpanin Marimoutou (trio que les "Vigilants" martiniquais qualifient ainsi : "le grand blanc (votre serviteur), le nègre (L.F. Prudent) et le coolie (Marimoutou)" ; on voit par là que l'évocation du Ku-Klux-Klan n'est pas si fortuite que ça !). La presse réunionnaise n'avait pas marqué de sentiment particulier pour cet article que le journal communiste local, Témoignages, avait signalé et reproduit, sans autre remarque. Je crois que la position de l'Université de la Réunion et son désaccord avec R. Confiant sont désormais assez évidents et connus pour que je n'insiste pas sur ce point. Pour ce qui est des termes dont use A. Gauvin, je pense qu'il devrait avoir au moins la reconnaissance de la plume, car chacun le sait, et lui le premier, il a fait, dans ses romans, sans le dire, un abondant usage de ma thèse.

L'autre texte reproduit est une lettre d'Hector Poullet (que je connais bien) et d'un certain Laurent Farrugia (que je ne connais pas). Ce texte, également non daté ici, remonte aussi à novembre 2000 (on cherche bien entendu à tromper le lecteur en dissimulant que ces textes datent de trois ans !). La prise de position d'Hector Poullet m'avait surpris et peiné à l'époque. Depuis, et les Vigilants le savent mieux que personne, Hector Poullet est revenu sur cette déclaration et il a même eu le courage de le faire dans une lettre qu'il m'a demandé de lire en séance plénière, lors du Dixième Colloque Interantional des Etudes Créoles qui s'est tenu à la Réunion en octobre 2002. Je l'ai fait et cet acte courageux a été unanimement apprécié (le texte figure d'ailleurs dans le Rapport Général). Depuis, j'ai rencontré H. Poullet et nos relations amicales sont redevenues ce qu'elles étaient (Le GEREC Guadeloupe s'est d'ailleurs vu interdire l'usage de la dénomination GEREC par le GEREC Martinique !). De tels agissements feraient ailleurs perdre définitivement la face à quiconque, mais les auteurs de ce texte ont-ils encore quelque chose à perdre ?

La seconde remarque est que le CVCC, non content d'injurier et d'invectiver (à quand le goudron et les plumes ?), prononce désormais des sentences d'exil contre les "individus exilés loin de la Martinique qui souhaitent y reprendre pied, ce que nous ne permettrons jamais" (comprendre L.F. Prudent, dont le départ pour la Réunion, a été une perte irréparable pour l'Université antillaise), mais aussi contre un enseignant (votre serviteur) librement invité par un établissement d'enseignement supérieur martiniquais (l'IUFM de Fort-de-France) auquel le CVCC prétend dicter sa conduite et imposer ses choix pédagogiques. La formule est en capitales grasses dans le texte "NOUS NE PERMETTRONS PAS AU COLONIALISTE CHAUDENSON DE PRENDRE PIED A LA MARTINIQUE". La conférence que je suis en train de faire et la nombreuse assistance qui me fait l'honneur de m'écouter démontrent ce que valent les rodomontades du CVCC.

Comme beaucoup d'entre vous ont pu le constater, le CVCC, faute d'avoir pu m'empêcher de mettre le pied en Martinique (vous observez ce soir que j'y ai même mis les deux !), a cru me tendre un piège, en me faisant inviter au journal télévisé de RFO du mercredi 17 décembre 2003. Curieusement (j'ai beaucoup pratiqué RFO-DOM), j'ai été invité 48 heures à l'avance avec un rendez-vous précis et surtout un temps d'antenne inhabituel (cinq minutes alors qu'en général on ne dépasse guère les trois minutes). En outre, plus inhabituel encore, je n'ai pas rencontré le journaliste chargé du journal avant ce dernier et l'on m'a même fait entrer en studio, alors que le journal avait commencé depuis dix minutes et sans que je sache donc de quoi il allait être question. J'ai compris, dès les premières questions (le journaliste en avait cinq soigneusement notées sur une feuille et dont il n'était sans doute pas l'auteur), à l'agressivité du ton, tout à fait inhabituelle aussi sur cette chaîne qu'on avait voulu me faire tomber dans un piège. Cela ne m'a nullement gêné et, bien au contraire, le ton inamical des questions m'a permis de dire sans ménagement mon point de vue.

Les résultats des CAPES 2002 et 2003.
La première question concernait les résultats des CAPES créoles, le nombre des Martiniquais reçus étant jugé insuffisant. Je n'avais pas le temps de faire observer au journaliste, qui apparemment ne le savait pas, que le CAPES est un concours et que par conséquent, il pourrait tout à fait, pour huit postes mis au concours, y avoir huit reçus Réunionnais ou huit reçus Martiniquais, car le facteur de l'origine géographique des candidats n'intervient pas dans les décisions du jury d'un concours national. On peut vérifier aisément que le rapport annuel, pourtant des plus circonstanciés, ne fait pas mention de ce genre de détails.

Néanmoins, tout le monde sait bien que, la première année, en 2002, il y a eu dans les reçus (je devrais dire les "reçues" car ce sont toutes des filles) 5 Réunionnais et 3 Antillais ; en 2003, 4 Réunionnais et 4 Antillais ont été reçus parmi 16 admissibles et 51 candidats ayant effectivement composé où n'ayant pas eu une note éliminatoire.

Comment un journaliste peut-il ignorer ou feindre d'ignorer des informations factuelles si banales et si aisément vérifiables ? Sa seule excuse est peut-être d'avoir pris au sérieux les rodomontades de R. Confiant qui, avant la première session du CAPES, affirmait à tous vents que les candidats antillais, formés dans la licence et la maîtrise de langues et cultures régionales, allaient rafler tous les postes. Il écrivait :

"Ils [les Réunionnais grands artisans du complot] ont donc peur de voir leurs étudiants surclassés par les Antillo-Guyanais et rafler les huit postes mis au concours cette année. En constituant un jury uniquement composé de gens travaillant sur le réunionnais, ils espèrent ainsi éliminer plus facilement les candidats antillo-guyanais".

Ces propos sont totalement absurdes comme la suite l'a bien montré ; je prétendais dès ce moment (et les faits m'ont donné ici aussi raison) que le fait d'avoir fait une licence et une maîtrise de langue et culture créole compromettait au contraire les chances des candidats antillais (surtout si, en outre, les pauvres avaient Confiant comme professeur) car, durant ces deux années d'études spécialisées, ils avaient toutes chances d'avoir délaissé, sinon abandonné, après leur DEUG, la seconde matière du CAPES (français, anglais, espagnol, histoire, etc.). Quiconque a l'expérience des concours de recrutement sait cela. J'ai autrefois passé le CAPES et l'agrégation de lettres classiques. Tous les candidats à ces concours savent que ce n'est pas avec la littérature française qu'on réussit ou qu'on se classe dans les premiers, mais avec le latin et le grec. Le français ne sélectionne pas (on obtient le plus souvent entre 8 et 12 avec quelques candidats au-dessus ou au-dessous de ces notes) ; en revanche, le thème latin et surtout le thème grec, l'épreuve la plus redoutée, ne pardonnent pas. Si on y obtient 1 ou 2 sur 20, ce qui est hélas courant vu le genre de l'exercice car un barbarisme est vite arrivé, on est recalé, si brillant qu'on ait pu être en littérature.

Les statistiques du concours 2003 le confirment totalement : sur les 62 candidats qui ont composé, 11 (soit près de 18%) ont eu dans une épreuve une note éliminatoire et il est clair, quoique que cela ne soit pas précisé, à ma connaissance, dans le rapport que ces zéros ont été obtenus, non en langue et culture créoles mais dans la seconde matière. Confirmation de cette hypothèse est donnée par les moyennes de notes de l'ensemble des candidats (en dehors de ceux qui ont eu un zéro éliminatoire) ; en dehors du français, où l'on peut toujours sauver les meubles, les moyennes sur 20 en seconde matière sont très faibles : histoire 03,75 ; géographie 03 ; anglais 03,62 ; espagnol 02,75. Sur ce point comme sur les autres, les faits m'ont donné complètement raison. On ne peut certes reprocher à R. Confiant de ne rien savoir des concours de recrutement puisqu'il n'en a jamais passé ou, en tout cas, réussi, mais est-il raisonnable qu'il y prépare et pire encore qu'il exige de siéger dans le jury ?

Le jury du CAPES Créole
Le présentateur du Journal de RFO m'a demandé, en gros, pourquoi J. Bernabé et R. Confiant n'étaient pas dans ce jury. J'aurais pu "botter en touche" et répondre que je voyais pas à quel titre cette question m'était posée, puisque je n'étais rigoureusement pour rien dans la désignation de ce jury qui ne dépend que de son Président et du Ministère. J'ai, au contraire, saisi l'occasion à la fois de donner mon sentiment et de rétablir publiquement les faits.

La présence dans le jury de J. Bernabé, agrégé de grammaire, docteur d'Etat, depuis longtemps professeur des Universités et connu pour ses travaux dans le domaine de la créolistique était parfaitement logique. En revanche, je vois mal en quoi s'imposait celle de R. Confiant, auteur d'une thèse de nouveau régime des plus médiocres, qui, il y a peu, était encore maître de conférence stagiaire et n'a publié aucun travail réellement scientifique.

En outre, ai-je ajouté, J. Bernabé et R. Damoiseau se sont vu proposer d'entrer dans le jury et ils ont refusé de le faire sous la pression de R. Confiant qui voulait utiliser, selon son habitude, ce moyen de chantage pour imposer sa propre présence que rien ne justifiait. C'est, chacun le sait, R. Confiant qui a empêché ses collègues d'accepter d'être dans le jury, espérant par là finir par imposer sa propre présence. Quand, au bout de quelques mois, devant l'échec manifeste de ce chantage, il a levé l'interdit et toléré que ses deux collègues acceptent la proposition, le jury était bien entendu déjà constitué. Les choses sont aussi simples que ça et, en fait, tout le monde le sait ou devrait le savoir puisque ces faits ont été rapportés dès février 2002 par Edouard de Lépine dans un article "Sé kod yanm ki maré yanm". Cet article est consultable dans son site <edl55.com>

Une autre question, corollaire de la précédente, touchait à la composition du jury où, me disait-on, les Antillais étaient sous-représentés, comme le prétendait dès 2002 R. Confiant (cf. supra). Là encore, je ne comprends pas comment un journaliste, qui doit traiter un sujet dans son journal, peut se laisser remettre des questions, sans même prendre la peine de vérifier les faits qu'elles évoquent. S'il a lui-même préparé ces questions, la faute est encore plus grave. En effet, d'un geste, on peut, par internet, en quelques secondes, avoir accès au rapport du jury et les candidates au CAPES qui ont consulté ce document le savent bien. On y constate que pour les épreuves de créole, seules en cause ici, sur 13 membres, il y a en tout et pour tout quatre spécialistes du réunionnais (Barat, Gauvin, Marimoutou et Staudacher-Valliamée). Où est la sur-représentation des Réunionnais ? Le CVCC, qui prétend désormais interdire à L-F Prudent tout retour dans son île natale, a-t-il décidé de lui retirer aussi sa qualité de Martiniquais ? Il est clair que, dans ce jury, L-F Prudent corrige les copies de créole martiniquais et ne peut être assimilé aux correcteurs d'épreuves réunionnaises. Le comptabiliser de façon absurde comme réunionnais ne changerait rien à la proportion puisque le groupe antillo-guyanais est bien plus nombreux.

CAPES de créole ou CAPES de créoles ? Où l'on retrouve la question initiale.
Une fois encore les faits me donnent totalement raison.
Je rappellerai, pour commencer, une des multiples palinodies du GEREC et de R. Confiant. En effet, le GEREC après voir dénoncé, le racisme et le colonialisme qui me poussaient à refuser l'unité des créoles français, a viré soudain de bord et s'est, contre toute attente, rangé à la position que je défendais, sans bien entendu confesser son erreur.

Ainsi, le 5 mars 2001, par une lettre de son directeur Jean Bernabé à Christophe Borgel, coordonnateur des langues régionales au Ministère de l'Education Nationale, le GEREC propose la "suggestion" suivante : mise en place de DEUX sous-commissions de travail “ l'une consacrée aux créoles [au pluriel !] des Antilles et de la Guyane, l'autre au créole de la Réunion ”. Mieux encore, on invoque dans cette lettre, à l'appui de cette proposition, si farouchement refusée peu avant quand je la formulais, trois "raisons" dont la première est “ linguistique ”. Pour fonder cette raison linguistique, la seule justification est, comble d'impudence, la citation d'une phrase de mon livre de 1992 ( "Les créoles de ces deux zones ne sont pas mutuellement intercompréhensibles" Des îles, des hommes, des langues, 1992, p.43 ). Dois-je rappeler que trois mois plus tôt, le même GEREC me couvrait d'insultes lorsque je mentionnais cette évidence !

Tout a démontré depuis, et tout particulièrement les propos de R. Confiant, du GEREC (-F ou pas), du CVCC (mais tout cela n'est-il pas de la même farine !), qu'il aurait fallu deux CAPES au moins, donc un -s à créole. En revanche, si l'on avait fait, comme je le souhaitais et comme, après m'avoir insulté fin 2000 ou, en tout cas, avoir co-signé la lettre d'insultes de R. Confiant, Jean Bernabé a fini par l'admettre, en proposant deux sous-commissions qui, en fait auraient été deux sous-jurys, on aurait évité tous des débats oiseux sur la composition du jury et le nombre des reçus. Je pense d'ailleurs que la solution que le GEREC préconisait en mars 2001 avec deux sous-commissions dans un seul jury, visait d'abord à sauver la face, les jurés réunionnais ayant massivement refusé les diktats de R. Confiant.

Toutefois, je ne suis pas sûr qu'une telle solution soit légale, mais je ne veux pas m'appesantir sur ce point, à la fois juridique et subsidiaire. En revanche, s'il y avait eu deux CAPES, l'un pour le réunionnais, l'autre pour les créoles antillo-guyanais, on n'aurait pas vu pratiquer une permanente désinformation ni sur la composition du jury (il y aurait deux jurys distincts), ni sur les résultats. Si l'on garde le nombre de huit postes par an, il y aurait eu 4 postes pour les Antilles-Guyane et 4 postes pour la Réunion. A cet égard, il faut mentionner car on l'ignore souvent (et en particulier le GEREC) que la population scolaire de la Réunion équivaut à peu près à celles de la Guadeloupe et de la Martinique réunies.

Le professeur de "second ordre" qui n'a formé aucun chercheur français.

C'est de moi qu'il s'agit et c'est ce qu'on lit, une nouvelle fois, dans le CVCC n° 23 ; un autre thème est que j'ai fait ma carrière grâce au créole. Tant mieux car je suis de ce fait autorisé à répondre sur ces points sans risquer de me faire taxer d'immodestie. Je ne comprends d'ailleurs pas bien la logique du raisonnement, car si ma position académique est si modeste, je ne vois pas où est l'avantage que j'ai pu tirer, dans ma carrière, du fait de me consacrer aux études créoles puisque je possède par ailleurs tous les grades académiques requis (CAPES et agrégation de lettres classiques, Doctorat d'Etat es-lettres). Toutefois, il faut bien que je m'explique sur mon "imposture" puisqu'elle a conduit l'IUFM de Fort-de-France à m'inviter, non sans imprudence.

Voyons rapidement ces points mineurs.

Il est clair, et je le regrette, que les études créoles ne sont pas, comme l'étude des langues et cultures régionales dans leur ensemble, un secteur universitaire prestigieux. La 73e section du Conseil national des Université, consacrée aux "langues et cultures régionales" est de création récente et regroupe un nombre très réduit d'enseignants. Le Ministère de l'Education m'y a nommé il y a trois ans (le CNU comprend des membres élus et des membres nommés). A ce titre, tout professeur de "second ordre" que je suis, j'ai eu à y gérer, avec mes collègues élus et nommés ; les carrières de J. Bernabé, R. Confiant et R. Damoiseau. L'égarement, qui a conduit à me nommer dans cette instance est d'ailleurs répétitif, puisque j'ai été nommé au CNU quatre fois au cours de ma carrière, par des Ministères de gauche et de droite, sans avoir jamais été candidat et surtout dans quatre sections ou groupes différents (langue et littérature française, sciences du langage et langues et cultures régionales).

Travailler sur les langues et cultures créoles ne m'a toutefois nullement servi et, au plan académique, j'aurais sans doute été mieux considéré, si j'avais poursuivi dans la voie dans laquelle je m'étais engagé quand je suis parti faire mon service militaire à la Réunion. J'avais alors un sujet de thèse sur "le style épistolaire au XVIIe siècle", thème noble s'il en fut. Comme à cette époque, il fallait faire, pour une thèse d'Etat, outre la thèse principale, une thèse complémentaire et que je devais passer deux ans à la Réunion, je me suis intéressé au créole local, sujet totalement vierge alors et dont j'ai fait mon sujet de thèse complémentaire. De fil en aiguille, le sujet secondaire est devenu principal et au lieu de rester deux années à la Réunion, j'y suis resté dix-huit ans. En fait, et pour en revenir par ce détour, aux "langues et cultures régionales", cette section du CNU et cette discipline sont, de toute évidence, peu prestigieuses dans l'université. Peu d'enseignants demandent à s'y rattacher ; les possibilités de promotion y sont peu nombreuses et un enseignant désireux d'avancer rapidement dans la carrière n'y trouvera sans doute pas son compte.

Selon R. Confiant et les "Vigilants", je n'aurais formé "aucun jeune créoliste français" ; je suis incapable de dire, à brûle-pourpoint, le nombre précis de thèses que j'ai dirigées, mais un tel chiffre n'a, en fait, aucun sens car ce qui compte est bien entendu le devenir de ces "thésards" devenus docteurs {J'ai mis, depuis, dans les archives de ce site la liste de thèse que j'ai fait soutenir]. Sauf erreur de ma part, huit de mes "thésards" ont été ou sont professeurs dans des universités françaises (dont six avec le titre de Professeur). Je dis toujours d'ailleurs que ce "taux de reproduction" est très excessif et que, si tous les directeurs de recherche avaient autant de professeurs d'universités dans leurs anciens thésards, on irait tout droit à la catastrophe.

Pour ce qui est du "professeur de second ordre", la formulation m'amuse, mais elle a l'avantage de me fournir une occasion de donner à R. Confiant, qui en en a souvent bien besoin, une petite leçon de langue française. En effet, en principe, en français, "second" ne s'emploie que quand il s'agit d'un ensemble de deux ; s'il y a plus de deux éléments, on dit deuxième. De là un problème : si je suis un "professeur de second ordre", où va-t-on classer R. Confiant, qui pourrait tout au plus espérer le "troisième" voire le "dixième" ordre. Il est vrai qu'il n'est pour le moment que "maître de conférences", fonction auquel le CNU, auquel je n'appartenais pas alors, a eu la légèreté de le qualifier après un examen peu sérieux de son dossier scientifique et un rapport de complaisance fait par un rapporteur qui, de son propre aveu,  n'avait pas lu la thèse! J'espère fermement que le CNU sera plus vigilant s'il demande un jour sa qualification aux fonctions de professeur.

Le sabotage de la préparation du CAPES par le GEREC
La dernière ligne du communiqué n° 23 du CVCC est la suivante (toujours en capitales grasses) : NON AU GASPILLAGE FINANCIER A L'IUFM DE LA MARTINIQUE.

Le gaspillage en cause est naturellement occasionné par ma mission d'enseignement (20 heures de cours en une semaine à l'intention de tous les étudiants, candidats au CAPES ou Professeurs des écoles, intéressés par les enseignements de langues et cultures créoles).

On atteint là le comble de l'impudence puisque tout le monde sait ici que le GEREC, qui l'an dernier assurait les enseignements de préparation au CAPES à l'IUFM, a soudain refusé, cette année, d'assurer ces mêmes cours. Mieux encore, le GEREC a prétendu imposer à la Direction de l'IUFM un coordonnateur des enseignements qu'il aurait lui-même choisi. Devant le refus de l'IUFM, établissement d'enseignement supérieur autonome, d'accepter un pareil chantage, impensable en tout autre lieu, les enseignants du GEREC ont délibérément choisi de ne pas assurer les enseignements, SABOTANT ainsi SANS LE MOINDRE SCRUPULE un CAPES créole pour la création duquel, moins de trois ans auparavant, ils se disaient prêts à tout. Ils devaient, ont-ils dit alors, assurer une préparation "sauvage" et "bénévole" à l'Université, mais, semble-t-il, ces belles intentions ont fondu au soleil martiniquais et il ne semble plus y avoir à l'UAG de préparation clandestine du CAPES créole Tout indique que cette année, EXCLUSIVEMENT DU FAIT DU GEREC, il y aura bien plus de Réunionnais que de Martiniquais dans la liste des reçus, puisqu'il y aura sans doute pas plus d'une demi-douzaine de candidats sérieux aux Antilles. Je ne doute pas un instant que les "Vigilants" du CVCC, seuls responsables de cet état de fait, ne se répandent alors en protestations aussi hypocrites qu'indignées.

LES LANGUES ET CULTURES REGIONALES DANS LES SYSTEMES EDUCATIFS DES DOM : LES PERSPECTIVES.
On voit par ce titre que je souhaite à la fois réduire le champ de mon propos (je parlerai néanmoins de la question des langues et cultures régionales en métropole et en Corse) et l'élargir dans la mesure où la question ne peut être posée, à mon sens, sans référence aux systèmes scolaires dans leur ensemble.

J'organiserai mon propos autour de deux points que j'aborderai, en quelque sorte, dans l'ordre inverse de la logique.

1. Qu'aurait dû ou pu être un vrai CAPES de créoles (avec un -s final bien sûr) ?
2. Quelle pourrait ou devrait être la place des langues et cultures régionales, qu'on ne doit en aucun cas limiter au seul CAPES, dans les systèmes éducatifs "domiens" ?

A quel titre suis-je concerné par l'enseignement des langues et cultures régionales ?

La réaction que j'ai eue lors de l'annonce de la création du CAPES créole (au singulier) tenait à des causes multiples : mon passage au sein de la 73e section du Conseil National des Universités et les échanges que j'y avais eus avec les autres membres, spécialistes de basque, de breton, de corse ou d'occitan ; mon long séjour à la Réunion et la lutte que j'y avais menée en faveur d'une réforme des systèmes éducatifs des aires créolophones ; enfin mon intérêt, sur un plan plus général, pour les rapports entre langues, éducation et développement dans les pays du Sud.

Je rappellerai en annexe quelques titres de ma bibliographie, qui est certes de "second ordre", mais néanmoins assez fournie et qui montre l'intérêt que j'ai depuis longtemps pour ces questions. Cette vingtaine de titres d'articles ou de livres parus entre 1979 et 2001 constituent une liste sans doute incomplète, mais elle n'a d'autre but que de montrer que, depuis plus de vingt ans, mon intérêt pour l'analyse des rapports entre langues et école dans l'espace francophone ne s'est jamais relâché. Comment pourrais-je ne pas m'amuser de voir les "Vigilants" s'indigner de me voir parler de "didactique du français en milieu créolophone" ? C'est sans doute un sujet qui m'est bien plus familier qu'à eux, car je ne connais aucun travail de R. Confiant sur ce sujet, pas plus d'ailleurs que sur d'autres sujets scientifiques, car j'espère que dernier ne considère pas comme tels les "Guides du CAPES" qu'il a produits. J'en ai rendu compte ailleurs et leur contenu me donne à penser que les candidats au CAPES créoles ne perdent pas grand-chose à voir cet auteur se retirer désormais sur son Aventin pédagogique.

En outre, depuis les années 80, le hasard a voulu que je sois amené, à de nombreuses reprises, à participer aux réflexions des ministères français sur le problème des langues et cultures régionales. D'abord, comme membre du groupe d'experts qui, au Ministère de l'Education Nationale, avait été chargé, sous la direction de Jean-Claude Bouvier, de faire un état des recherches universitaires sur les langues et cultures régionales, puis, comme membre du Conseil National des Langues et Cultures Régionales. Ce Conseil, créé en 1985 par L. Fabius et J. Lang, a eu, en raison du changement de majorité une vie assez brève ; j'y siégeais avec, à mes côtés, pour les DOM, Boris de Gamaleya (pour la Réunion) et S. Schwartz-Bart (pour les Antilles). Ce conseil, renouvelé par tirage au sort (pour moitié), lors du retour aux affaires de la droite en 1986, (j'avais eu la "chance" de demeurer dans cette instance), ne s'est jamais plus réuni ; quoique, à ma connaissance, il n'ait jamais été officiellement supprimé. J'ai siégé plusieurs années dans le Groupe d'Etudes Techniques de la Direction de la Recherche et des Etudes Doctorales du Ministère de l'Education Nationale où, précisément j'étais plutôt chargé des dossiers concernant les langues et cultures régionales. J'ai également fait partie de la CORDET pour les sciences sociales et, par ailleurs, de la Commission des Sciences Sociales de l'ORSTOM. Autant dire que j'ai été mêlé depuis longtemps à toutes sortes d'approches de ces problématiques.

Toutefois, dans le système français, participer à ces instances de réflexion ne signifie pas nécessairement être associé de façon forte et réelle aux prises de décisions. Je donnerai ici, pour revenir à mon propos, l'exemple du CAPES Créole car il est des plus significatifs.

Mon article de Libération ayant déclenché la polémique que l'on sait, le Ministère de l'Education Nationale décide de créer et de réunir le 3 avril 2001, à Paris, un “ Groupe de travail sur le Capes de créole ”. Alors que la plupart des membres sollicités sont informés de cette réunion, j'y suis invité, ainsi que L.J. Calvet. Prévenus très tardivement, nous ne pouvons y assister ni l'un ni l'autre, en raison d'importants engagements antérieurs.

Ne pouvant, à mon grand regret, y participer, j'envoie à Monsieur C. Borgel, qui réunit le groupe, une très longue lettre d'excuse et de mise au point dont le texte figure dans mon article sur le CAPES paru dans Etudes créoles (2001). J'y expose les points de vue qui sont les miens et que j'ai à de nombreuses reprises rappelés. Toutefois, au texte de convocation à cette réunion prévue pour le 3 avril 2001 est joint le texte officiel présentant le CAPES de créole (au singulier) arrêté dès le 2 février 2001 et paru au Journal Officiel le 15 mars 2001. On voit la démarche et la méthode, on réunit et on consulte le “ Groupe de travail sur le Capes de créole ” alors qu'est déjà publié le texte officiel qui en définit les modalités. Bel exemple de réflexion préalable et de concertation.

Notons d'ailleurs, et ce détail me paraît essentiel que, dans le compte-rendu (rédigé le 5 avril 2001 mais parvenu à mon adresse, sous une forme incomplète, le 21 mai 2001 comme je l'ai fait observer) comme dans la lettre d'accompagnement, il n'est plus question de la première dénomination “ Groupe de travail sur le Capes créole ”, mais seulement d'une “ Réunion relative à l'organisation des concours externe et interne dans la section “ langues régionales-créole ” ”. Les changements sont très significatifs. Il n'est même plus question de réflexion puisqu'en fait tout a déjà été décidé avant la réunion du 3 avril 2001 ; d'autre part, si lénifiant que soit ce compte-rendu, il ne peut que constater, après coup "qu'il aurait été plus conforme à la réalité linguistique de créer une section “ langues régionales-créoles [phrase et pluriel soulignés par moi] au lieu de “ langues régionales-créole [au singulier] ”." (page 1) ! On me donne finalement raison, mais on ne tient aucun compte de mes remarques, comme d'ailleurs de celles des participants réunionnais dont les avis vont dans le même sens. En fait tout a été décidé à l'avance par l'Inspection Générale et le Ministère, sans la moindre concertation et, plus grave, sans la moindre réflexion autre que bureaucratique.

Pour une vraie réflexion sur un CAPES créole
Les cours que j'ai donnés à l'IUFM durant une semaine m'ont confirmé dans deux critiques du CAPES que j'avais déjà faites et qui sont si évidentes qu'il me paraît inutile de m'y attarder ici.

La première est qu'il aurait fallu, on l'a vu, au moins deux CAPES ; le GEREC et le Ministère l'ont reconnu, après coup ! Les étudiants martiniquais de l'IUFM en ont eu et m'en ont donné la preuve incontestable. Ils n'ont rien pu comprendre à une cassette vidéo que je leur ai présentée. Gérose Barivoitse, conteur réunionnais, y racontait, en créole, une histoire dont le sens leur est demeuré tout à fait inintelligible, même si, ici ou là, ils ont pu saisir quelques mots, sans pour autant percevoir le sens général du récit. J'ai tenu à faire ici cette expérience pour mettre un terme définitif, devant de futurs enseignants martiniquais, aux légendes sur l'intercompréhension des créoles français des deux zones. C'est chose faite, n'en parlons plus.

Le second point tient à une critique que j'avais déjà formulée dans l'article de Libération. J'y déclarais, et je maintiens mon point de vue pour l'ensemble des DOM, que le CAPES, concours de l'enseignement secondaire (collèges et lycées) ne réglait nullement le problème majeur de l'échec scolaire dans les DOM, qui se situe EN AMONT, en particulier dans le primaire. La thèse de C. March (préparée et soutenue, notons-le, à Rouen sous la direction de L.-F. Prudent) faisait déjà apparaître, chez les mères martiniquaises de milieu modeste, une volonté manifeste de donner le français à leurs enfants comme langue quasi première. Dans les échanges que j'ai eus à l'IUFM avec les stagiaires, le sentiment général a été que seule une petite minorité d'enfants martiniquais est "créolodominant", en début de scolarisation et que, dans cet ensemble, on trouve une bonne proportion de "primo-arrivants" haïtiens, saint-luciens ou dominicains. En admettant ce fait, qui mériterait cependant d'être étudié de plus près, on doit garder à l'esprit que la population scolaire de Martinique constitue moins de 20% du total de la population scolaire des DOM. Le problème que j'ai soulevé, sans doute moins aigu en Martinique, continue à se poser ailleurs, pour la grande majorité des enfants en début de scolarisation. Le CAPES Créoles ne peut être la réponse, unique et définitive, à la question majeure qui est celle de l'apprentissage du français en début de scolarisation . C'est ce que je voulais dire en faisant part de mes craintes que le CAPES, même "créoles", devienne un "alibi" qui dispense de toute autre réforme en satisfaisant des revendications "symboliques", légitimes mais notoirement insuffisantes.

Nous touchons déjà ici à la principale critique que j'aurais pu faire au projet de CAPES créole, si j'avais eu un espace éditorial suffisant. Ce n'était pas le cas de mon article de Libération que la rédaction jugeait déjà trop long et dans lequel elle a fait des coupes ; un quotidien comme ce dernier n'était d'ailleurs pas le lieu pour engager un tel débat. Le CAPES créole n'est pas un concours satisfaisant pour toutes les raisons que j'ai dites, mais, au-delà de ce cas, se pose le problème général des CAPES de langues et cultures régionales.

Les CAPES de langues régionales : les aspects réglementaires et la genèse du CAPES Créole.
J'ai écrit, en 1998, un article où je disais, de façon forte mais, je crois, argumentée, mon indignation de voir refusé aux créoles des DOM le statut de "langues régionales". Je ne me souviens pas que cette prise de position ait été soutenue et approuvée par R. Confiant. Peut-être dans la variabilité de ses positions était-il alors dans une phase où, comme il l'a fait à certains moments, il refusait pour le créole martiniquais le statut de langue régionale et EXIGEAIT celui de langue NATIONALE. Dans ce texte ("Français et langues régionales : le cas des créoles" Etudes créoles, 1998, XXI, n° 1, pp.11-25), je soulignais l'ambivalence politique de la thématique des langues et cultures régionales ; elle a relevé, selon les temps, de la droite ou de la gauche. N'oublions pas que la départementalisation a été demandée par les sections "domiennes" du Parti Communiste Français au nom de la totale intégration de ces régions à l'univers culturel français. Dans ce texte, je posais surtout la question de savoir pourquoi les créoles français des DOM, qui sont, et de très loin, les langues "régionales" (au sens non administratif du terme) les plus parlées (1,8 million de vrais locuteurs environ) et les plus vivantes (puisque la grande majorité de ces locuteurs les ont comme langues premières ou quasi premières) ne bénéficiaient pas d'un statut qu'on a depuis longtemps reconnu au basque, au catalan, au corse ou à l'occitan. Pour ce problème, je ne puis ici que renvoyer, pour le maquis des textes et des dates, au livre de G. Vermes et J. Boutet, La France pays multilingue, 1987. On y constatera que ces auteurs, pourtant spécialistes, déclarent qu'il leur est impossible de "garantir l'exhaustivité" de la liste des textes qu'ils ont tenté d'établir (1987 : 185) Le paradoxe est que si, de 1988 à 1995, de nombreux arrêtés sont pris en faveur de la plupart des langues régionales de France et des TOM (y compris l'auvergnat et le vivaro-alpin pour les premières et le tahitien et les langues mélanésiennes pour les secondes), les créoles ne bénéficient pas de semblables textes. Certes, certaines dispositions réglementaires de l'éducation nationale comme les textes de 1982 et de 1995 et, pour les DOM, la "circulaire Haby" de 1976 permettent des actions sur la base du volontariat, mais cette dernière circulaire restreint les mesures majeures aux langues qui se voient explicitement reconnu le bénéfice de la loi Deixonne de 1951.

En fait, l'élément majeur de la reconnaissance effective des créoles comme "langues régionales" et de la création du CAPES, qui en découlait logiquement, tient à la Loi d'orientation des DOM du 15 octobre 2000.. Je ne doute pas, et je l'ai dit et écrit, que les Ministères de l'Education Nationale et des DOM, et plus encore le Recteur de la Martinique, ont pensé, non sans quelque naïveté, que la création du CAPES créole et l'octroi de quelques postes allaient calmer le jeu du côté du GEREC. Certes, ont pris fin les séances de tambour ou les menaces de blocage des autres CAPES, mais le délire verbal de R. Confiant a trouvé bien d'autres objets. Le précédent Recteur, Pierre Le Mire, avait dû attendre la fin de ses fonctions et de son devoir de réserve pour faire connaître son sentiment sur les agissements de R. Confiant. Il avait d'ailleurs été contraint de le faire sous la forme d'un droit de réponse dans Antilla dont je cite un bref extrait :

“ Après lecture de l'article, à mon sens extrêmement violent, qu'a publié M. Raphaël Confiant dans le numéro de Antilla du 14 juillet 2000 sous le titre “ Sur le CAPES de créole ”, je tiens à apporter les précisions suivantes, ne souhaitant pas laisser insulter sans réponse un responsable du service public de l'éducation. […]. J'ai souligné certains problèmes […] et notamment :
 l'absence de graphie consensuelle (même en Martinique)
 la faiblesse du corpus et d'ouvrages en créole.[...] Je déplore l'invective à laquelle se livre par écrit M. Raphaël Confiant et les invraisemblables menaces de blocage des autres CAPES (merci pour les jeunes Martiniquais qui préparent ces concours nationaux) qu'il profère à la fin de son article. ”

Heureux Recteur d'alors, car si, à cette époque, on manifestait sous ses fenêtres, au moins, à la différence de son successeur, ne se faisait-il pas traiter, par ce même R. Confiant, de "petit fonctionnaire de merde" et souhaitait-il "qu'on ne laisse pas insulter sans réponse un responsable du service public". Les temps ont changé ! Cria cuervos...(proverbe espagnol : "Elève des corbeaux et ils te crèveront les yeux"). En effet, la constante complaisance des autorités académiques et ministérielles à l'égard des vociférations, des menaces et des chantages de R. Confiant a évidemment fortement encouragé ce dernier a se comporter ainsi. P. Le Mire, qui une fois sorti de charge, analysait les choses avec tant de justesse, aurait été bien inspiré, comme Recteur de la Martinique d'abord, puis comme conseiller du Premier Ministre, de faire part, avec force, des si pertinentes remarques que contient son droit de réponse à Antilla.

J'observe d'ailleurs (et je l'ai fait remarquer) que dans la conférence tenue par Jack Lang, Ministre de l'Education nationale, le 18 octobre 2000, la création du CAPES créole pour 2002 n'est nullement la mesure-phare. La place donnée par le ministre à cette création est très modeste ; elle est la quatrième mesure énoncée en quatre lignes à la huitième page de son texte ; les réactions du SNES Martinique soulignent aussi, me semble-t-il, la portée jugée limitée de cette mesure.

Le problème des CAPES de langues régionales.
L'erreur de jugement fondamentale se situe très en amont du CAPES Créole, au moment où l'on crée les premiers CAPES de ce genre. Il est probable que, comme dans le cas du CAPES Créole, une logique et des décisions bureaucratiques ont remplacé toute réelle réflexion fondée sur la connaissance des situations et la définition d'objectifs éducatifs d'abord, pédagogiques ensuite. Sans vouloir accuser qui que ce soit, je ne suis pas éloigné de croire que le corps de l'Inspection Générale, souvent peu porté à l'innovation, surtout à cette époque, a dû jouer un rôle majeur dans la conception de ce nouveau concours.

Reconstituons la démarche. Dans "langues et cultures régionales", il y a, en premier, "langues" ; nous avons des CAPES de langues vivantes dans lesquels l'enseignement de la "civilisation" (donc de la culture...) a sa place. Où est donc le problème ? Un CAPES de langue régionale se fera sur le modèle d'un CAPES de langue, comme celui d'anglais par exemple, donc le bon vieux schéma classique : dissertation, version, thème. Comme ces futurs capessiens risquent de n'avoir que peu d'élèves, puisque nul ne se préoccupe de savoir quelle sera la place de la langue et de la culture régionales dans les collèges et les lycées, on va, par prudence, créer un concours bivalent, comme naguère celui des PEGC, de façon à ce que, s'ils n'ont pas d'élèves en langue et culture régionales, on puisse toujours leur faire enseigner le français, l'anglais ou les mathématiques. Aucun besoin de réfléchir et on prévient tout risque d'avoir des enseignants en chômage technique faute d'élèves. Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais les choses se sont sans doute passées à peu près ainsi. Le CAPES corse est le seul qui, à la demande et sous la pression des Corses, échappe à la règle de la bi-disciplinarité.

Je croyais qu'un tel type de CAPES était celui que souhaitait le GEREC, mais, ayant rencontré J. Bernabé à Sainte-Lucie au Colloque organisé par Documenta sur "Créolité et créolisation" (13-15 janvier 2002) et ayant discuté avec lui des problèmes du CAPES, j'ai été étonné de l'entendre se déclarer résolument en faveur d'un CAPES créoles bi-disciplinaire.

Une telle démarche, déjà fort discutable pour les autres CAPES de langues et cultures régionales, devient totalement aberrante pour un CAPES de créoles. Un enseignant d'anglais a pour fonction première et essentielle d'apprendre l'anglais à des élèves qui ne le savent pas ; un enseignant de langue et culture martiniquaises ne peut avoir pour fonction première d'apprendre le créole martiniquais à ses élèves qui, dans leur immense majorité, le parlent déjà. CQFD.

Le CAPES de créoles, même si on lui adjoint le -s final, dont le Ministère, comme le GEREC, ont fini, en traînant les pieds, par reconnaître la nécessité, quoique le texte, sacré par définition, n'ait pas été modifié, présente donc à peu près tous les défauts possibles.

Un de ces défauts réside dans sa conception même et dans les épreuves qui le composent. Ainsi, témoignant une fois de plus de son incompétence et de son total aveuglement, R. Confiant a publié un Guide de la Version créole, au demeurant pitoyable par son contenu. Or, il est évident que l'épreuve de version, en théorie possible en alternance avec le thème, ne sera jamais choisie puisqu'il faudrait alors donner quatre textes dans chacun des quatre créoles, ce qui ouvrirait aussitôt d'infinies possibilités de recours. En effet, dans un concours de recrutement national, tous les candidats doivent composer sur les mêmes épreuves. Une fois de plus, R. Confiant n'a rien compris, mais là il s'est lui-même puni en rédigeant un guide sans la moindre utilité.

Un autre défaut tient au caractère hâtif et précipité de sa mise en œuvre. Dès mon article de Libération en novembre 2000, je soulignais qu'il était absurde de prétendre créer un concours pour des langues qui n'avaient pas de système graphique reconnu. Fureur de R. Confiant contre ces propos d'un colonialiste "capessocide" (je vais me mettre aussi aux néologismes !). O miracle ! Voilà qu'en février 2002, le GEREC met en circulation, au Conseil Régional de la Martinique, un texte qui souligne l'urgente nécessité d'avoir une graphie officielle du martiniquais en raison même des épreuves du CAPES.. Ce point qui avait constitué de ma part, aux yeux du GEREC, une attaque inqualifiable contre le CAPES et le GEREC (puisque tout le monde était censé user de la graphie GEREC aux Antilles et dans le monde) est devenu, quatorze mois plus tard, pour ce même GEREC, une urgence si "cruciale" qu'on en vient à proposer, à la sauvette, un texte tout rédigé à des élus locaux, qu'on juge sans doute incapables de se faire une opinion par eux-mêmes. Comment peut-on encore prendre au sérieux ces gens-là ?

Il en est de même pour la question du dictionnaire dont j'avais aussi souligné la nécessité dans la perspective du concours. Je mentionnais même explicitement le cas du créole de la Martinique qui, à la différence du guadeloupéen (pour ne pas parler des autres créoles), n'a pas de dictionnaire. Je suis étonné que, dans les demandes au Conseil Régional, à "l'urgence cruciale" d'officialiser la graphie GEREC, ne se soit pas ajoutée la demande, tout aussi urgente et cruciale, de financer un dictionnaire du créole martiniquais. Il est vrai que je crois me souvenir que cette instance a déjà, depuis de nombreuses années, investi des sommes très importantes (six millions de francs, dit-on) dans un projet de dictionnaire qui lui avait déjà été soumis par ce même GEREC. Ce groupe a d'ailleurs, à cette époque, passé une petite annonce dans le Carrier Pidgin (bulletin américain d'information dans le domaine de la créolistique) pour essayer de recruter des étudiants américains disposés à venir mener aux Antilles les enquêtes que ne pouvaient ou ne voulaient pas faire, apparemment, les “ chercheurs ” du GEREC. En dépit de l'ampleur du financement déjà très ancien, on attend toujours les premiers résultats ! En fait, ce n'est un secret pour personne que la seule personne qui a travaillé dans ce projet et dirigé des étudiants dans des enquêtes est Bernadette Cervinka, maître de conférence à l'UAG, chercheur "non-natif" et qui a fini, semble-t-il, par quitter le Gerec. Non seulement pour le moment rien n'a été publié, mais il semble même qu'on ait volé le disque dur de l'ordinateur où étaient stockées les données de B. Cervinka.

Le serpent de mer du Dictionnnaire a d'ailleurs un petit frère, l'Atlas linguistique des Antilles. Je puis cette fois parler de cette question avec une connaissance directe du dossier puisque, au Conseil National des Universités, j'ai été amené à rapporter sur un dossier où était citée expressément, dans le dossier de demande de qualification d'un membre du GEREC, la date de juin 2001, qui devait marquer le début de la parution de cet Atlas linguistique. Nous sommes en décembre 2003 et, évidemment, rien n'est paru. La qualification du candidat a été obtenue sur une fausse déclaration, ce qui semble tendre à devenir une habitude. Je pense que, dans ses décisions à venir, la 73e Section du CNU gardera en mémoire cette scandaleuse supercherie. En tout cas, avec d'autres faits du même ordre, de tels agissements ne contribuent pas à améliorer l'image du GEREC.

Pour une définition de la place des langues régionales dans les systèmes éducatifs des DOM.
Elaboré sans réflexion suffisante sur un modèle de concours déjà sottement calqué sur les concours de langues vivantes et par là-même inadapté, le CAPES Créoles a été mis en oeuvre à la hâte, sans vraie réflexion et sans qu'aient été préparés, et tout particulièrement à la Martinique, les éléments pédagogiques essentiels, qui auraient dû être les préalables indispensables (graphie officialisée, dictionnaire, voire atlas linguistique et ethnographique, etc.).

A ce propos, je rappellerai que vers 1980, j'ai conçu, fait financer et mis en oeuvre, en Haïti, un projet d'Atlas linguistique et ethnographique, qui devait être un accompagnement à la fois psycholinguistique (on prenait ainsi en compte les variétés du créole haïtien autres que celle de Port-au-Prince) et pédagogique (on allait ainsi disposer d'un immense fonds documentaire pour la prise en compte de la langue et de la culture locale dans la réforme éducative lancée par le Ministre Bernard). Je pense que tous ceux qui ont participé à cette entreprise, soutenue en particulier par n et le CIRELFA, s'en souviennent, qu'ils soient haïtiens comme P. Vernet, Y. Joseph, J.F. Graphy, E. Bazile, A.M. Coriolan (j'en oublie sans doute) ou étrangers comme S. Allman (qui, à l'époque, a fait avec moi sa thèse sur le "lexique de la fécondité et de la maternité en créole haïtien"), P. Brasseur, M. Carayol et surtout D. Fattier dont ce travail a finalement constitué le sujet de thèse d'Etat. L'entreprise, en tant que telle, n'a pas été menée à son terme, mais, fort heureusement, les résultats et leur analyse ont constitué la magnifique thèse d'Etat de D. Fattier qui avait joué le rôle central dans l'entreprise ; les premières enquêtes ont permis d'élaborer des documents pédagogiques (sur le maïs par exemple) et tous les enregistrements, reproduits grâce une fois encore à l'ACCT, sont demeurés sur place lorsque D. Fattier est revenue en France. On voit aisément, comme par les cas réunionnais et haïtien, l'intérêt que les atlas linguistiques et ethnographiques présentent pour le développement des enseignements de langues et cultures régionales. Ce n'est pas un hasard si Jean-Claude Bouvier qui est, à bien des égards, l'initiateur de la création de la 73e section du CNU et qui a joué un rôle essentiel dans l'émergence de ce secteur, est aussi l'auteur de l'Atlas linguistique et ethnographique de Provence.

Pour le CAPES Créoles, la critique la plus sévère de ma part est encore à venir : le principal vice de ce concours est qu'il a été mis en place, comme d'ailleurs les autres enseignements de langues et cultures régionales, sans que soient réellement définis et, par là, légitimés, la fonction, le rôle et la place de tels enseignements dans les systèmes éducatifs.

A cet égard, la chose est plus grave encore pour les DOM que dans le cas des CAPES hexagonaux. Un exemple. Quoique je vive en Provence depuis plus de 20 ans, je n'y ai jamais entendu parler provençal, du moins dans les zones urbaines où j'ai résidé, sauf le dimanche matin, à la télévision, sur FR3, dans l'émission folklorique hebdomadaire (Il y a 35 heures d'émissions télévisées en provençal sur FR3 Provence-Alpes-Côte d'Azur...PAR AN !). Etant moi-même d'origine occitane (comme mon nom cévenol l'indique aux connaisseurs), j'ai entendu parler occitan de façon constante dans mon enfance dans le village de l'Ardèche d'où est originaire la famille de mon père. Aujourd'hui, quoique j'y retourne assez fréquemment, je n'ai plus entendu parler "patois" depuis des années.

De ce fait, en Provence, un "capessien" d'occitan peut tout à fait, s'il a des élèves, les initier à la langue et à la culture provençales dont ils ignorent à peu près tout. En revanche, tous, en début de scolarité, sont francophones et maîtrisent le médium éducatif, le français, comme peuvent le faire des enfants de leur âge.

Dans les DOM, le problème est, dans la grande majorité des cas, très différent et il n'y a nul besoin d'initier aux créoles des enfants dont ce sont les langues premières ou quasi premières. Pour prendre l'exemple réunionnais que je connais bien mieux que le cas martiniquais qui, on l'a vu est moins dramatique, on peut tout à fait trouver à Bagatelle ou Cambuston, beaucoup d'enfants (c'est même la majorité) qui entrent à l'école avec une compétence en français quasi nulle et à qui ont va, pourtant, faire la classe en français, c'est-à-dire dans une langue qu'ils ne maîtrisent ou même ne parlent pas.

Je me bats depuis trente ans sur ce front en expliquant, dans le monde créole comme dans l'Afrique francophone, qu'enseigner EN français n'est pas la même chose qu'enseigner LE français. Je sais qu'on va m'objecter (on le fait depuis vingt ans) que c'était bien pire encore il y a trente ou quarante ans et que bien des enfants, exclusivement créolophones à six ans, lors de leur entrée à l'école, ont fait par la suite d'excellentes études en français (le cas est exactement identique en Afrique où les problèmes sont encore pires). Je le sais bien entendu, mais je réponds, depuis vingt ans aussi, par l'histoire de la piscine. Si l'on jette dans une piscine cent enfants de trois ou quatre ans, cinq vont en sortir par leurs propres moyens et nul doute qu'ils deviendront par la suite d'excellents nageurs. En revanche, les 95 autres vont se noyer. Est-ce la bonne méthode pour apprendre à nager aux enfants ?

Lorsque j'ai dit, lors de la création du CAPES Créoles, que cette mesure, si symbolique et importante qu'elle soit, ne RESOLVAIT NULLEMENT LE PRINCIPAL PROBLEME DE L'ECOLE DES DOM, car celui-ci se situe, non dans le secondaire, mais, en amont, dans le pré-primaire et primaire, je craignais que cette mesure ne serve d'ALIBI et ne détourne de s'attacher à la solution du problème majeur, qui demeure la maîtrise du français dans le primaire. Sur ce point aussi, j'ai été l'objet des invectives de R. Confiant. Il m'accusait, après et avec d'autres car la formule n'est pas de lui, de vouloir faire du créole un "marchepied vers le français".

R. Confiant, toujours si prompt à flagorner Jack Lang, ce "grand ministre", aurait bien dû lire plus attentivement le texte de la conférence de presse du 19 octobre 2000 dans laquelle le ministre annonçait la création du CAPES créole. On y lit en effet :

“ Je conclus sur ce chapitre des langues régionales pour redire que les efforts que nous déployons en leur faveur sont aussi des efforts en faveur du français. En développant les langues locales et notre langue nationale, nous favoriserons le bilinguisme, au lieu de cristalliser sur les premières les causes d'un échec scolaire trop important. ”

On n'a jamais entendu le GEREC, désormais agrémenté de son amovible appendice caudal francophone (GEREC-F), commenter ce passage pourtant essentiel de la déclaration de Jack Lang et qui rejoint tout à fait mes propres positions d'affreux "colonialiste".

Celui qui a préparé le dossier pour le journaliste qui m'a interviewé sur RFO à la Martinique, lui avait sans doute soufflé de me demander pourquoi je "collaborais" à cet "alibi" après l'avoir caractérisé comme tel, en venant enseigner à l'IUFM de Fort-de France. La question ne m'a nullement gêné.
J'aurais pu y répondre, de façon plus agressive que je ne l'ai fait, qu'il fallait bien que quelqu'un y enseigne puisque le GEREC refusait de le faire, qu'il sabotait sans le moindre scrupule la préparation du CAPES et qu'il abandonnait au milieu du gué les étudiants martiniquais, si chers à son coeur quand il en a besoin.
J'aurais pu répondre aussi que, pour avoir lu la thèse et les guides de R. Confiant, je voyais mal ce qu'il pouvait apporter aux étudiants dans la préparation du CAPES, concours qui se situe à bac+ 5.
Je ne l'ai pas fait et me suis contenté de dire que je m'imaginais mal ne pas donner suite à une invitation, qui me permettait d'exposer des connaissances sur lesquelles je travaille depuis trente ans et à partir desquelles j'avais fait quatre livres dans les dix dernières années dont, en particulier, un très gros ouvrage sur ma théorie de la créolisation qui vient juste de sortir de l'imprimerie.
En outre, enseigner en Martinique, me permettait enfin de faire connaître mes positions sur un terrain où on les caricature systématiquement et où l'on fait déchirer mes livres dans les librairies. J'ai été, bien au contraire, très content de répondre à cette invitation, en dépit de la fatigue du voyage (en classe plus qu'économique !) comme de l'enseignement (20 heures de cours en une semaine), mais aussi des coûts de ce séjour que j'ai eus à supporter (chacun sait que les remboursements forfaitaires de l'Etat ne couvrent pas les frais réels d'un séjour en Martinique).
Toutefois, comme dit la chanson, "Rien! Rien de rien. Je ne regrette rien..".

Situation et avenir des capessiennes de créoles
Dans les multiples prévisions que j'ai faites à propos de ce CAPES et dont on a vu que plusieurs se sont d'ores et déjà réalisées, il en était une autre dont j'ai pu vérifier la validité en novembre 2002 à la Réunion comme en décembre 2003 à la Martinique.

En effet, dans le système actuel, l'enseignement des langues et cultures créoles est offert, dans les collèges et lycées, sur la base du choix entre les créoles et d'autres langues, comme par exemple l'espagnol. Quel parent d'élève, antillais ou réunionnais, décidera que son enfant va choisir l'option "créole" au lieu de l'option "espagnol" ? Le bon sens conduit à dire, comme je l'ai entendu souvent : "Le créole, mon fils (ou ma fille) n'en a pas besoin puisqu'il (ou elle) le connaît déjà ; qu'il (ou elle) aille donc apprendre l'espagnol.".

Les conséquences sont évidentes ; il y a peu délèves candidats à ces enseignements et il est donc à peu près impossible, pour une capessienne de créole (mettons le féminin puisqu'il s'agit surtout de candidates dans cette affaire), d'avoir, dans un seul et même établissement, un service complet de langue et culture créoles. Tous les témoignages que j'ai recueillis montrent que, pour la plupart, elles ont un tiers de service (soit six heures en LCR) ; cela les condamne donc à être "à cheval" sur plusieurs établissements et/ou à avoir l'essentiel de leur service dans leur discipline complémentaire (l'anglais ou le français le plus souvent).

Quiconque connaît un peu l'enseignement sait l'enfer que constitue la nécessité d'enseigner dans plusieurs établissements, surtout pour une discipline regardée comme marginale et réunissant des élèves de plusieurs classes (bonjour les problèmes d'emploi du temps !) et, en outre, dans des pays, comme la Réunion ou la Martinique, où les embouteillages sont aussi épouvantables que permanents. Par ailleurs, les outils pédagogiques font largement défaut et il ne suffit pas de parler créole pour faire 18 heures hebdomadaires d'enseignement de langues et cultures régionales.

On peut donc prédire qu'à un terme relativement court, en dépit de la qualité et du militantisme culturel des capessiennes de créoles, bon nombre d'entre elles se résigneront à enseigner leur seconde discipline pour ne plus avoir à sacrifier leur vie professionnelle et familiale.

Puisque j'en suis aux prévisions, j'ajouterai que je crains fort que les Antilles, qui l'an dernier avaient vus reçus quatre de leurs candidats, en aient bien moins cette année 2004. Pour avoir des reçus, il faut avoir des candidats (et leur nombre semble en très forte diminution) et surtout il faut que ces candidats aient pu bénéficier d'une préparation convenable. C'est le cas, j'en suis sûr, pour celles qui préparent ce CAPES à l'IUFM. Si modeste qu'ait pu être mon rôle dans cette préparation, j'espère que les cours que j'ai donnés les aideront un peu et, en tout cas, je forme pour elles des voeux de plein succès. J'ai laissé à la Bibliothèque de l'IUFM les livres que j'avais apportés et en particulier le dernier, sorti la veille de mon départ pour Fort-de France ; par ailleurs, je suis tout prêt à leur fournir tous les documents dont elles pourraient avoir besoin dans la suite de la préparation de leur concours.

Vers une vraie politique éducative pour les DOM
Le problème est pourtant simple et, pour ma part, j'en expose les termes depuis plus de vingt ans. J'avais même conçu un projet précis en 1982. J'avais alors rédigé un texte intitulé "Projet de réalisation d'un programma audiovisuel d'information sur les problèmes linguistiques et culturels des DOM", dans la mesure où, comme je le pense encore aujourd'hui, l'information est un aspect prioritaire et essentiel, si l'on veut éviter les pratiques de désinformation dont j'ai pu constater, une fois de plus, qu'elles sont courantes.

Le 26 juillet 1982, j'ai envoyé ce projet (que j'ai toujours dans mes archives) au Ministère de l'éducation nationale et au Ministère des DOM-TOM.

J'ai reçu, au nom du Ministre de l'Education Nationale, une lettre de Jean-Claude Luc, "Chef de mission de l'action culturelle et des cultures et langues régionales". La réponse était fort aimable ; voici le passage majeur (c'était, rappelons-le, il y a plus de 20 ans !) : "L'ampleur du problème ne permet pas de vous donner dès maintenant une réponse, mais je veux, sans attendre, vous informer que ce dossier et les propositions qu'il contient vont être étudiés par les services compétents. Je vous ferai savoir naturellement les décisions qui pourraient être prises" (lettre JCL/ MCT, n° 816 du 6 août 1982). On aura déjà compris que j'attends toujours la suite !

J'ai présenté une version de ce texte à la CORDET (Commission pour la recherche dans les DOM-TOM dont je faisais alors partie) le 9 décembre 1983 et, en 1984, je l'ai publié sous un titre explicite "Vers une politique éducative dans les DOM français : positions et propositions" (Etudes créoles, vol. VII, 126-141). Ce texte n'a pas davantage retenu l'attention des autorités. On voit une fois encore que mes positions ne sont pas nouvelles et qu'elles ne sont pas inspirées par les circonstances actuelles ni par l'affaire du CAPES Créoles.

Comme je le déclare depuis très longtemps (cf. les dates des textes cités ci-dessus) et, comme je l'ai dit précédemment, ma position a toujours été à peu près celle qu'a exprimée Jack Lang lui-même, dans sa conférence de presse du 19 novembre 2000, sans que R. Confiant, qui n'a pas pu ne pas lire ce texte, trouve alors quoi que ce soit à redire aux propos de ce "grand ministre". Quitte à être regardé comme immodeste, je dirai que la position de J. Lang en 2000 rejoint la mienne, car j'ai environ deux décennies d'antériorité dans l'expression de ce point de vue.

Ce qui nous sépare totalement, en revanche, est que le Ministre semble considérer que les choses vont de soi et même peut-être que le CAPES va substituer à la diglossie français/créole, source apparente de bien des maux, un bilinguisme équilibré et heureux, empêchant désormais de "cristalliser sur les premières [les créoles] les causes d'un échec scolaire trop important".

Ces propos euphorisants sont, à mes yeux, très insuffisants et même pernicieux ; ils étaient précisément à l'origine de ma crainte de voir le CAPES servir d'alibi à l'absence de mesures sérieuses quant au problème majeur que le Ministre signale pourtant lui-même, "l'échec scolaire trop important".

Quelles sont les MESURES CONCRETES qui sont proposées dans le cadre d'une politique sur les principes de laquelle tout le monde (sauf R. Confiant, mais est-ce important ?) est à peu près d'accord ? Je n'en vois aucune ; comme toujours on parle de rattrapage, de postes et de classes, sans se préoccuper vraiment de ce qui se passe réellement dans ces dernières et sans fournir le moindre élément sur une stratégie d'action réelle.

En 1982, je disais déjà que L'INFORMATION était un aspect essentiel et j'ai été très heureux, durant mes enseignements à l'IUFM de Fort-de-France, d'entendre une stagiaire faire une semblable observation, avant même que j'aie abordé cette question (c'était le mercredi 17 décembre et elle se reconnaîtra, si elle lit ce texte).

Le problème est que pour informer sur une politique, il faut d'abord en avoir une ! Une politique ne peut se ramener à des déclarations à caractère humaniste et généreux, si estimables qu'elles soient.

En novembre 2000, en plein début du conflit sur le CAPES, j'ai eu l'occasion de prononcer une conférence, dans le grand amphithéâtre de l'Université de la Réunion, sur ce même thème des langues et de l'école. Je précise que j'y avais été invité avant l'annonce de la création de ce CAPES et que ce thème avait été choisi par le Recteur de la Réunion lui-même. A ce propos, le Recteur de la Martinique n'a pas semblé avoir le même intérêt pour ces problèmes et, quoique, grâce aux "Vigilants", ma mission et son contenu n'aient pas pu échapper à ses services, il n'a pas jugé bon d'adresser un message ou d'envoyer un de ses représentants participer à notre débat. Il est vrai que le GEREC s'est lui aussi dérobé à la discussion, quoique je l'aie très cordialement invité à y prendre part, de la façon la plus publique, lors de mon interview sur RFO Martinique le 17 décembre 2003 à 19 heures 25. Pour en revenir à la Réunion et ma conférence publique en présence du Recteur, je me suis permis, car nous avions eu auparavant un entretien très détendu, de lui demander (il était assis au premier rang de l'assistance) s'il y avait une politique du Ministère de l'Education nationale en matière de langues pour les DOM. Une telle question semblait nécessiter une réponse trop longue et surtout dilatoire, la réponse négative, la plus logique, me semblant peu probable ; cette formulation laissant une échappatoire trop aisée à une fine mouche politique, j'ai ajouté aussitôt "Ou plutôt, Monsieur le Recteur, quel est le principal problème que vous avez eu à rencontrer dans votre fonction à la tête du système éducatif réunionnais ?". Sa réponse a été simple, claire et sans doute sincère : "Les dates des vacances scolaires !". Le Recteur a ainsi mis les rieurs de son côté, mais sa réponse a été à la fois sincère et fort inquiétante.

En effet, aucun recteur de bon sens et soucieux d'une gestion habile de sa carrière comme aucun ministre de l'éducation nationale, préoccupé de sa quiétude et de son avenir politique, ne s'attaquera jamais aux problèmes majeurs du système éducatif, a fortiori dans les DOM où ils sont plus importants et plus graves qu'ailleurs. La France depuis 1981 n'a eu qu'un seul vrai ministre de l'Education nationale, Claude Allègre, et on a vu comment cela s'est terminé ; je ne compte pas, dans la liste des Ministres de l'EN, Lionel Jospin, qui l'a pourtant été, car, dans son ministère, bien des gens considéraient déjà que le vrai ministre, de fait, était son ami intime et conseiller spécial...Claude Allègre. Je comprend tout à fait qu'un recteur nommé pour trois ans dans un DOM fasse le choix logique d'un profil aussi bas que possible, même si je persiste à ne pas comprendre qu'il puisse se plier aux diktats d'un R. Confiant et se laisser traiter de "petit fonctionnaire de merde" sans traduire l'intéressé devant la Commission de discipline compétente. Mais, dans ces conditions, où vont les systèmes éducatifs des DOM et peut-on continuer à sacrifier des pourcentages importants de générations d'élèves alors que la seule vraie richesse de ces territoires est humaine (j'ai dit cela vers 1965, à La Réunion, dans une commission d'un Plan qui devait être le Cinquième !) ?

L'objectif (lointain encore, mais il l'est moins à la Martinique que dans les autres DOM) est, selon la formule de J. Lang, un " bilinguisme équilibré et heureux" ; plus modestement, je réclamais, vingt ans plus tôt, dans mon livre sur les créoles de 1979, un "aménagement des diglossies créoles" (Les créoles français, Nathan, 1979). C'est là un but ultime et sans doute lointain ; il est indispensable de le fixer mais il faut aussi et peut-être surtout, mais concevoir et définir des objectifs précis, une stratégie déterminée, une planification rigoureuse et des outils pédagogiques adaptés.

Certains se sont étonnés, voire indignés, d'une phrase de mon article de Libération y voyant Dieu sait quelle allusion raciste alors qu'elle est, je pense, des plus claires :

"Il s'agit de donner à l'enseignement du français en milieu créolophone "domien" une efficacité qu'il n'a pas dans la mesure où, depuis un demi-siècle, on a pensé que tout se réglerait à coup de milliards. Il y a là d'ailleurs, pour les Etats pauvres de l'espace francophone du Sud [c'est à l'Afrique subsaharienne, Madagascar ou Haïti que je pense] une forme de consolation ; ils peuvent en effet constater qu'en couvrant les DOM d'écoles, de collèges et de lycées, la France n'est pas parvenue à améliorer, dans des proportions satisfaisantes [de l'aveu même du Ministère de l'Education Nationale] le rendement des systèmes éducatifs. Il ne suffit pas de créer des écoles et des classes, encore faut-il se préoccuper de ce qui s'y passe" (9 novembre 2000).

Je ne changerai pas une virgule de ce texte si je devais le réécrire aujourd'hui ; je n'y ai introduit des éléments de glose (entre crochets, car ils ne sont pas dans le texte initial) que pour prévenir toute interprétation malveillante dont je persiste à ne pas voir ce qui la fonde. Ces remarques s'expliquent, en particulier, par le fait qu'à la même époque (fin 2000), je coordonnais les activités d'un groupe d'experts qui travaillait à un rapport sur le thème suivant "Langues et éducation à l'Agence de Coopération Culturelle et Technique de 1970 à 2000". J'ai d'ailleurs écrit à de multiples reprises sur cette question, en particulier dans l'Ecole du Sud (1993). La situation est naturellement infiniment pire dans le Sud (où l'on dépense un seul $ par enfant scolarisé, quand on en dépense 100 dans le Nord !). Je voulais dire, mais comment peut-on comprendre autre chose, que l'argent ne fait pas tout et que, même quand on dépense énormément de milliards, comme on l'a fait dans les DOM, les investissements et les dépenses de fonctionnement ne dispensent pas d'une réflexion stratégique à long terme sur les objectifs, en particulier pour tout ce qui touche à la place et à la fonction des langues, puisque toutes ces situations linguistiques post-coloniales sont plurilingues et que les langues européennes sont, le plus souvent, par la volonté même de ces Etats depuis longtemps indépendants, les langues officielles et, en général, les médiums de l'éducation.

Pour conclure
Aller au-delà de ces principes généraux exigerait encore deux ou trois conférences ; le problème est d'ailleurs en amont et, comme je le soulignais dans mon projet de 1982, il ne s'agit pas de sortir d'un chapeau de magicien le lapin d'une réforme éducative conçue dans le secret d'un cabinet (fût-il ministériel !) ou de la faire naître toute armée d'un cerveau unique (fût-il celui de Jupiter! Je laisse au lecteur le soin de choisir la métaphore qui lui convient). Un projet éducatif doit remplir deux conditions préalables et je me limiterai à elles dans la conclusion de mon propos.

Un tel projet est d'abord social avant d'être technique. Il doit donc être élaboré en accord avec tous les partenaires sociaux . Je reprends ici exactement quelques-unes des premières lignes de mon texte de 1982. Deux préalables majeurs y étaient déjà posés :

"1. La nécessité de définir une "plate-forme" commune à partir de laquelle pourraient se déterminer toutes les parties prenantes (forces politiques, syndicats, associations de parents d'élèves, administration, etc.).

2. Le caractère indispensable et urgent d'une action intense d'information, en particulier audiovisuelle, auprès du système éducatif (administration, enseignants, élèves) comme des décideurs et du public."

Bien entendu, ces préalables supposent que les initiateurs d'un tel projet aient des idées précises sur les buts, les objectifs et la stratégie de la politique qu'ils préconisent. Nous n'en sommes hélas pas encore là, mais des échanges comme celui-ci me paraissent aller dans le bon sens.

ANNEXE

Bibliographie de mes publications sur les langues et l'éducation.

1979, "A propos d'un lexique des particularités linguistiques du français de l'Ile Maurice" in Cahiers du Centre Universitaire de la Réunion, n° 10, 12-17 (pour la légitimation par l'école des particularités lexicales du français mauricien).

1981, Encyclopédie de la Réunion (9 volumes).

1982, Séquences d'activités et d'éveil ( direction de la collection : 6 volumes , usage pédagogique de l'Encyclopédie de la Réunion au cycle primaire).

1983, (en collaboration avec Pierre Vernet), Le créole à l'école : étude comparée des réformes éducatives en Haïti et aux Seychelles, ACCT, Paris, 162 pages.

1984, Editeur de "Créoles et éducation" , numéro spécial d'Etudes créoles, volume VII, 1/2.

1984 "Vers une politique éducative dans les DOM français : positions et propositions" , in Etudes créoles, vol. VII, 126-141.

1984, "Le système éducatif à la Réunion", Antilla Magazine, n° 5, pp. 34-40.

1987, "Industries de la langue, éducation et développement" 36 pages, publié in Langues et économie. Université de Provence.

1987, "Pour un aménagement linguistique intégré : le cas des créoles" in Etudes créoles, volume X, n° 2.

1989, Créole et enseignement du français, Paris, L'Harmattan, 198 pages.

1991, "Plurilinguisme et développement en Afrique subsaharienne : les problèmes de la communication" in J. Charmes (éditeur) "Plurilinguisme et développement", Cahiers des sciences humaines de l'ORSTOM, pp. 305-313.

1992, "Langues, éducation et communication", in Etudes créoles, vol XV, n° 1, pp. 35-53.

1993, (éd.), L'école du Sud, Didier Erudition, 192 pages

1995, "L'école africaine : "Nouvelle frontière" ou "Tonneau des Danaïdes" ? in Langues et développement, n° 29.

1996, "Situation et évolution des curricula dans l'éducation de base des pays francophones du Sud", Rapport pour l'ACCT, 72 pages.

1996 (éditeur), Test d'évaluation des compétences linguistiques en français, Didier Erudition, 206 pages.

1998, "Vers une réforme des systèmes éducatifs de l'espace francophone du Sud (mondes africain et créole)" ; Etudes créoles, XXI, n° 2, pp. 65-110

2001, "Langues et éducation à l'ACCT : 1970-2000", rapport pour l'AIF.





COMMUNIQUE N°24 DU 30 décembre 2003

                         C.V.C.C. (Comité de Vigilance pour le CAPES de créole)
 

CHAUDENSON ANNONCE LES RESULTATS DU CAPES DE CREOLE…6 MOIS A L’AVANCE
 

   Tout un chacun a pu entendre le sieur Robert Chaudenson déblatérer contre le GEREC-F et ses dirigeants sur les ondes d’ATV, accusant les créolistes martiniquais de tous les maux de la terre. Mais ce qu’il y a de plus grave dans les propos de ce colonialiste, c’est son affirmation plusieurs fois réitérée selon laquelle :
   “ Il n’y aura qu’1 seul  lauréat antillais au CAPES contre 7 Réunionnais ”.
   A 2 mois du concours et à 6 mois des résultats définitifs, il s’agit là d’un pronostic qui nous renforce dans l’idée, défendue par nous dès le départ, selon laquelle les dés sont pipés dans ce concours dont le jury est majoritairement composé de gens qui s’étaient publiquement déclarés hostiles…à la création du CAPES de créole. Rappelons, en effet, que lors du premier concours, 4 Réunionnais avaient été reçus alors même qu’il n’existait pas de Licence de créole à l’Université de la Réunion. Lors du deuxième concours, 4 Réunionnais ont a nouveau été reçus alors qu’ils n’étaient toujours pas détenteurs d’une licence dans la discipline. Les postes offerts par le Ministère étant au nombre de 8, nous avions alors soupçonné un partage des postes entre la Réunion et les Antilles (où une licence de créole existe depuis 7 ans). Partage non équitable dans la mesure où les candidats réunionnais n’avaient pas la formation requise au moment où ils s’étaient présentés au concours. Malgré ce déni de justice, nous avons résisté par deux fois à l’envie de demander l’annulation des résultats devant le Tribunal Administratif, à la fois pour préserver un concours encore jeune et pour ne pas gâcher l’avenir des lauréats antillais.
   Nous nous trouverons cette fois-ci dans l’obligation de faire appel à la justice si jamais le pronostic de Chaudenson s’avérait vrai. Car à quoi ce monsieur attribue-t-il, 6 mois à l’avance, l’échec massif des candidats antillais ? Au fait que les membres du GEREC-F n’assurent plus, à compter de septembre 2003, la formation au CAPES de créole à l’IUFM-Martinique mais bien à la Faculté des Lettres du Campus de Schoelcher. Pendant les deux premiers concours, ces mêmes enseignants avaient obtenu 4 succès par année. Il aura donc suffi qu’ils se déplacent de 3 kilomètres (de l’IUFM-Martinique au Campus de Schoelcher) pour qu’ils deviennent subitement nuls et que les étudiants qu’ils forment (gracieusement) soient voués à l’échec ! ! ! A qui fera-t-on croire une telle ineptie ? En réalité, la raison de ce trucage annoncé est claire : il s’agit d’une collusion entre la direction de l’IUFM-Martinique, furieuse du départ des enseignants du GEREC-F, et le jury chaudensonnien du CAPES pour faire échouer les candidats formés au Campus de Schoelcher. La manœuvre est claire et a été publiquement dévoilée l’autre soir par Chaudenson sur les ondes d’ATV. Nous fournirons donc à la justice, le moment venu, l’enregistrement de ladite émission. Répétons-le : Chaudenson a annoncé 6 mois à l’avance qu’il n’y aurait qu’1 lauréat antillais au prochain CAPES. Quand on sait que le jury est composé à 90% d’affidés et de porteurs d’eau de ce colonialiste, on peut légitimement penser qu’il n’a pas parlé en l’air.
   La justice tranchera !
   Toutefois, à nos yeux, le principal responsable de ce coup bas porté aux candidats antillais est Gilbert Pago, directeur de l’IUFM-Martinique, passé depuis longtemps du trostskysme au carriérisme, qui fut traîné devant les tribunaux il y a deux ans par une documentaliste d’origine marocaine pour harcèlement sexuel et qui est actuellement sous le coup d’une plainte en justice déposée par une enseignante martiniquaise qu’il avait frappé lors d’une manifestation publique Place François Mitterand, à Fort-de-France. C’est cet individu à la moralité douteuse qui a invité le colonialiste Chaudenson à la Martinique, qui l’a convoyé de RFO à ATV et de RCI à France-Antilles, et c’est avec lui qu’a été orchestrée l’actuelle campagne de dénigrement du GEREC-F et de ses membres ainsi que le complot visant à faire échouer, dans 6 mois, les candidats formés au Campus de Schoelcher.
   Ses manœuvres serviles à l’égard de Chaudenson et hostiles aux candidats antillais ne demeureront pas sans réponse.

                                                                                      Le 30 décembre 2003

Mon commentaire
On a un autre exemple (mais il y en a tant), des mensonges ineptes que le CVCC ne cesse de proférer. Tout cela est si stupide qu'on ne demande comment ces gens-là peuvent encore être pris au sérieux. Si j'ai un jour le temps, je transcrirai ou je ferai transcrire la bande vidéo de l'émission le Club où j'ai prédit, sans grand mérite, que les résultats du CAPES créole risquaient de ne pas être très bons pour les candidats martiniquais.
Ma prédiction - que je maintiens - se fonde sur deux éléments : d'une part, le nombre des candidats est très réduit par rapport aux années précédentes (il y en aurait une douzaine, mais on ne saura qu'après l'écrit du concours, donc en mars 2004, combien auront effectivement composé) ; d'autre part, la préparation "sauvage" de l'UAG est pour le moins incertaine comme le confesse, non sans ingénuité, Gerry l'Etang (cf. supra et infra). Dès lors, je ne prends pas grand risque à dire qu'il y aura, au mieux, un ou deux reçus parmi les Martiniquais.



Raphaël CONFIANT, 31 Dec 2003 10:04:03 -0400
 (POUR INFORMATION)

Cher Jean Bernabé,
Qu'est-ce que tu racontes ? Accuser le coup, moi ! Mais je ne me suis
JAMAIS considéré comme un vrai universitaire [Voilà un aveu qui rassure, quoique que, comme on le verra plus loin, cette lucidité et cette franchise aient été de courte durée]. Regarde toutes les pétitions que je signe à droite et à gauche, c'est toujours indiqué ce qui suit :"Raphaël Confiant (écrivain)"

Un gars serait venu à la télé pour démolir mon oeuvre littéraire, là oui, j'aurais été touché mais s'agissant de ma thèse, bof ! Quand je parcours les thèses de Dispagne, Chali, Davidas et même Prudent [les trois premiers cités apprécieront sans doute le "et même Prudent" quand on connaît les propos habituels de Confiant sur la thèse d'Etat du dernier] , ça me fait bien rigoler les propos de Chaudenson. Au fait, si elle est si brillante que ça, pourquoi Prudent ne publie-t-il pas sa thèse soutenue il y a...10 ans ? Ha-ha-ha !
[Ce rire est assurément homérique -- avec Homère, on est entre "collègues"! --Ce que ne dit pas ou ne sait pas R. Confiant, dont la thèse a été publiée dans la série des "thèses à la carte" des éditions du Septentrion, c'est que L.F. Prudent, s'il l'avait souhaité, aurait pu faire paraître son étude soit aux Presses de Lille 3, soit aux Editions du Septentrion. Quant à la thèse de R. Confiant, sa non-parution aurait sans doute évité à quelques malheureux de gaspiller bêtement 800 francs]

Je te rappelle que je suis venu au GEREC-F UNIQUEMENT pour faire avancer la cause du créole, pas pour faire une carrière universitaire (contrairement à ce que pensait, par exemple, un Damoiseau qui crevait de trouille que je veuille passer prof avant lui). Je suis venu pour la licence et la maîtrise de créole, pour les publications du GEREC-F, pour le CAPES de créole etc..., pas pour moi car je n'en ai pas besoin, tu le sais très bien.
[Je suis persuadé du contraire, car le traitement du "petit fonctionnaire de merde" qu'est un maître de conférence a le mérite essentiel d'être assuré et régulier. Ce n'est pas le cas des droits d'un auteur, surtout quand ses livres, comme c'est le cas de Confiant, ont désormais disparu des rayons des librairies métropolitaines.]

Ce n'est pas grâce à l'Université que je suis dans le Larrousse [ sic. Depuis qu'il se livre à ce numéro, nul n'a jamais osé dire au Maître que Larousse n'a qu'un seul r!] mais grâce à mon oeuvre littéraire et quand on m'invite à l'étranger, c'est TOUJOURS en tant qu'écrivain [il serait en effet étonnant qu'il soit invité comme professeur ou comme "savant"]. L'important pour moi, c'est d'exceller à ce niveau-là, le reste, je m'en tape !
[bravo pour le choix qu'à fait l'Université des Antilles et de la Guyane en lui donnant une thèse puis en le recrutant] Et à ce niveau, Chaudenson et Prudent ont-ils excellé dans ce qui fonde leur identité à savoir l'universitaire ? Font-ils partie des grands intellectuels français ? NON ! Les grands intellectuels et universitaires français sont Bourdieu, Lacan, Serres, Hagège, Morin, Derrida, Meschonnic etc...Chaudenson et Prudent ne sont que de médiocres petits profs de fac de province que l'intelligentsia française et internationale ignore et qui finiront aux oubliettes une fois à la retraite!
[L'anecdote est moins drôle que d'habitude! Confiant est manifestement atteint du gâtisme précoce des conférenciers, toutefois, il change un peu le texte. D'habitude, dans un cocktail, il demande à Michel Serres (à Tokyo) ou à Bourdieu (à Séoul) s'ils me connaissent. Ces derniers, surmontant leur envie d'appeler la sécurité devant une si étrange question (pourquoi diable Serres ou Bourdieu connaîtraient-ils mon existence?), répondent par la négative et cherchent aussitôt un visage connu pour fuir un si étrange questionneur. Comme ici la liste est plus longue et le contexte différent, force est de conclure qu'il n'a jamais rencontré les autres, fût-ce dans un hall d'aéroport!]

Non, si je suis touché, c'est plus par l'inertie de ceux qui m'entourent face aux conneries de Chaudenson. Leur manque de radicalité dans le combat : pourquoi, par exemple, fricoter à Sainte-Lucie avec Chaudenson ?
[Je dois donner ici quelques précisions et rappeler quelques faits, sans engager en quoi que ce soit J. Bernabé qui est assez grand garçon pour faire, de son propre chef, les mises au point nécessaires. Je connais Jean Bernabé depuis 1975 et il s'en souvient aussi sans doute puisque cette rencontre s'est faite en Afrique à Lomé. Nous avons travaillé ensemble au sein du Comité International des Etudes Créoles que je préside depuis sa création en 1976. J. Bernabé a été pendant 23 ans (1976-1999) Vice-Président de ce Comité. Nous avons eu, sans doute des divergences et peut-être même des différents au cours de ces longues années, mais j'ai toujours pu échanger avec lui quand l'occasion m'en a été donnée. J'ai toujours respecté ses compétences et son savoir, même si j'estime qu'il aurait pu faire d'autres choix de carrière (Je pense, je le lui ai dit plusieurs fois, qu'il a sacrifié aux activités administratives, la carrière de chercheur qu'il aurait pu faire et la carrière d'écrivain qu'il aurait sans doute souhaité faire). Nous nous sommes trouvés ensemble par hasard à Saint-Lucie au Colloque organisé par Documenta 11. J'ai même failli y rencontrer R. Confiant que je ne connais pas, mais l'ombre de Derek Walcott, écrivain saint-lucien, Prix Nobel de Littérature, qui présidait ce colloque, l'a sans doute détourné d'y venir! J'ai pu librement parler du CAPES et de problèmes universitaires et scientifiques avec J. Bernabé et cela en présence, en particulier de Carpanin Marimoutou et de Ginette Ramassamy. J'était prêt à le faire en Martinique en décembre 2003 si le GEREC avait eu le courage de répondre à l'invitation que je lui ai faite au Journal Télévisé le 17 décembre 2003. Je n'ai aucune raison de cacher ces relations et ces discussions que seul un esprit aussi borné et sectaire que celui de R. Confiant peut qualifier de "fricotage"].

Pourquoi continuer à saluer et causer avec ce petit chien de Sainton qui a bénéficié de notre soutien pour devenir maître de conf'  et qui n'a pas hésité une seule seconde à s'allier aux chaudensonniens dans le jury du CAPES ? etc...Je n'ai pas besoin qu'on me défende personnellement, j'ai besoin de combattants radicaux et sans complaisance avec l'ennemi. C'est tout !
[Toujours le côté mafioso ; on va finir par penser  que rien ne se passe normalement à l'UAG et que les bruits de faux en écriture dans une commission de spécialistes de linguistique sont fondés. J'ai peine à croire que l'UAG ne dispose pas, en pareil cas, indépendamment des procédures extérieures, d'une Commission de discipline]

Sur Pago, ma religion est faite depuis longtemps. C'est un vulgaire carriériste, doublé d'un agresseur de femmes, traîné par 2 fois devant la justice à cause de ça, et je me fais fort de la DEMOLIR tout seul.

Désormais, je reprends ma liberté ! Je me fais fort de lui régler son compte par tous les moyens__je dis bien TOUS LES MOYENS__é zafè tjou mel ki pwan plon ! Tu me connais, rappelle-toi l'affaire Argis. Man pa ni papa, man pa ni manman !
BONNE ANNEE !
[Selon des témoins bien plus fiables que lui, ce qui n'est pas un grand éloge, Don Dalph, le "parrain" de l'UAG, semble oublier que dans l'affaire Argis qu'il évoque ici, il a déjà été traîné devant les tribunaux et qu'il a perdu!]

Ralph


Courriel de Jean Bernabé
 17:08 30/12/03 -0400
>Salut Ralf,

Heureusement que je lis toujours mes méls de manière chronologique
[Remarque extérieure au débat. Ce terme "mél" est  abominable et absurde, car dans cette position "e" ne peut être qu'ouvert et donc ne peut avoir un accent aigu. Cette aberration, un moment proposée par la France, est désormais abandonnée au profit de "courriel", dans un juste hommage à la terminologie québécoise ].

Et que j'y réponds aussi de même ! Sincèrement, je n'aurais pas eu la même spontanéité. Comme je n'ai pas le sentiment d'avoir eu quelque sentiment compatissant envers toi, je considère que ce message m'est adressé pour information et n'ai pas le sentiment qu'il me concerne en quoi que ce soit, sauf pour me renseigner sur tes dispositions d'esprit. Cela dit, devant la violence du choc, je comprends que tu réagisses ainsi. Je préfère cela plutôt que de te voir te lancer dans une diatribe. Tu ne fais que me rejoindre. Il ne faut pas que tu bouges. Mais on aura besoin de toi non seulement pour finir LA bête mais encore pour la contrer ! Je parle au singulier, de manière rhétorique ! Ne confondons pas précipitation et rapidité.
>
>JB [= Jean Bernabé]
 

Courriel de Confiant

Chers camarades,

Suite à la campagne menée contre moi par Chaudenson dans les médias martiniquais (RCI, RFO, ATV et F-Antilles), l'un d'entre vous m'envoie le message suivant :
"Ou pé pa kité Chaudenson rakonté tou sa bétiz anlè'w !"
Oui, je le peux ! Je le peux d'autant plus que pendant une semaine Chaudenson a déblatéré sur moi et personne d'entre mes amis n'a réagi. Je n'appelle pas réagir le fait de m'envoyer des messages de compassion. JE N'EN AI RIEN A FOUTRE ! J'appelle réagir le fait de prendre votre plume par exemple et de publier quelque chose dans la presse
[Pourquoi ne pas avoir répondu à une invitation faite publiquement à un débat public? C'était si  simple. Pour ce qui me concerne, je n'ai  fait que me rendre aux invitations des médias et répondre aux questions qui m'étaient posées].

Ou, pour ceux qui ont des contacts radio et télé, demander à vous faire interviewer, non pas tellement pour ME défendre que pour rétablir LA VERITE sur le CAPES de créole.
En fait, il y a une seule vérité à établir laquelle ruine toute l'argumentation du sieur Chaudenson : le CAPES de créole, comme le CAPES d'anglais, d'espagnol ou de portugais, N'EST PAS UN CAPES DE LINGUISTIQUE et les DEUX MATIERES PRINCIPALES DE L'ECRIT SONT DES MATIERES LITTERAIRES.
C'est pas plus compliqué que ça !
[Ce discours est totalement incohérent  et, dès lors, je comprends aisément que Confiant se refuse à un débat public sérieux. Qui a jamais dit que le CAPES Créoles était un CAPES de linguistique ?
Comment peut-on proférer pareilles âneries ? En quoi un tel propos a-t-il le moindre rapport avec le problème? Le Ministère comme le GEREC ont fini par admettre que j'avais raison dès le début puisqu'ils ont regretté l'un et l'autre qu'il n'y en ait pas deux, l'un pour la Caraïbe, l'autre pour l'océan Indien.
J'ai reçu après ces émissions de nombreux messages de gens qui se réjouissaient d'entendre enfin des propos un peu différents de ceux du GEREC.]
Quand j'ai eu à vous aider__et tous, à des degrés divers avez bénéficié de mon aide dans un domaine ou un autre__, je ne me suis pas posé de questions métaphysiques. J'AI AGI ! Donc je ne veux plus que vous m'envoyez de messages compatissants ni d'ailleurs que vous me remplissiez la tête de ce que Chaudenson a dit ou n'aurait pas dit et bla-bla-bla. Je n'ai pas de temps à perdre à discuter des propos de ce monsieur.
Donc soit vous jugez utile de réagir et à partir de ce moment-là, faites-le ! Vous n'avez pas besoin de moi ! Soit vous jugez préférable de ne rien et à ce moment-là, inutile de m'en parler ou de compatir à mon sort.
 MERCI D'AVANCE ! Raphaël
[Ce dernier paragraphe est aussi fort intéressant ; il explique les références constantes à la Corse dont le modèle inspire de plus en plus "Don Ralph", le "parrain" de l'UAG dont les méthodes reposent sur l'intimidation, la menace ou parfois pire encore.
Comme ses propos le démontrent, tout son fonctionnement est manifestement "clanique" voire "mafieux" .On devine aisément ce qu'aurait pu être son comportement dans un jury de concours national comme le CAPES. A quand l'omerta et la vendetta martiniquaises ?]



Lettre de Jean Bernabé et Gerry L’Etang au Président du Conseil d'Administration de l'IUFM
Schoelcher, le 03-01-2004
 

Jean Bernabé / Gerry L’Etang
UAG, Faculté des lettres
97233, Schoelcher
Mr le Président du CA de L’IUFM de Martinique ;
Mesdames, Messieurs les membres du CA de l’IUFM

Objet : requête au conseil d’administration de l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Martinique

Monsieur le Président
Mesdames, Messieurs

En notre qualité de membres du conseil d’administration de l’IUFM de Martinique, nous souhaitons attirer solennellement l’attention du conseil sur les dérives de l’actuel directeur de l’IUFM.

Le directeur a fait preuve d’un comportement préjudiciable à l’intérêt des étudiants du CAPES de créole dont il a la charge à l’IUFM, comme à l’intérêt des candidats antillo-guyanais préparant ce CAPES dans d’autres cadres, en suscitant la venue à la Martinique du professeur Robert Chaudenson. Ce dernier, en se prévalant de sa qualité de conférencier missionné par l’IUFM, a déclaré en substance à l’ émission d’ATV, “ Le Club ” (Martinique, le 28-12-2003, 19h30), que les lauréats antillais dudit CAPES seraient cette année 1 sur 8 (1 Antillais pour 7 Réunionnais) et que la disparition de ce CAPES était prochaine.

[Il est facile et intéressant --si cela ne se fait pas je le ferai moi-même-- d'établir de façon précise, la teneur de mes propos lors de l'émission le "Club" sur ATV, le dimanche 28 décembre 2003. On y verra

1) que le pronostic pessimiste que j'ai fait et que je confirme, quant au nombre de reçus martiniquais au CAPES de 2004, tient à la fois à la très sensible réduction du nombre des candidats (Où sont les trois cents étudiants qui, selon Confiant, piaffaient d'impatience en attendant la création du CAPES pour y rafler toutes les places ?) et au refus du GEREC de continuer, comme par le passé, à assurer à l'IUFM la préparation de ce concours, sacrifiant ainsi sans la moindre hésitation les candidats à ce concours si cher à  leur coeur.
 Je crois savoir que le zèle pédagogique bénévole du GEREC pour la préparation "sauvage" du CAPES s'est bien ralenti ; peu de candidats et une absence de préparation sérieuse ne sont pas des indices très favorables à un succès massif des candidats martiniquais (je ne parlais bien entendu ni de la Guadeloupe ni de la Guyane).

2) que je n'ai nullement et à aucun moment annoncé la disparition du CAPES ; je n'ai même pas parlé de cette question, mais d'un aspect bien plus important dont je traite dans ma conférence et dont j'ai longuement parlé avec les stagiaires de l'IUFM : la situation des "capessiennes" et, plus généralement, des enseignants de LCR dans un système éducatif où la place de leur discipline n'est pas définie. Qu'on veuille bien pour savoir ce que je pense se reporter à ma conférence et non aux mensonges absurdes du GEREC]

Il ne s’agit nullement là du dérapage d’un invité imprévisible. Le directeur de l’IUFM était parfaitement informé des provocations passées de Robert Chaudenson à l’égard d’un CAPES dont il a été dès l’origine le plus violent détracteur (on consultera, par exemple, l’article de Robert Chaudenson dans le journal Libération du 9-11-2000). La réitération à la Martinique de ces provocations était prévisible et sans doute prévue. L’organisation de la venue de Robert Chaudenson et l'aménagement à son profit d’une véritable tournée médiatique étaient donc pour le moins déplacées.

On est d’autant plus en droit de s’interroger sur l’action du directeur de l’IUFM, que ce dernier a financé le voyage et le séjour de Robert Chaudenson avec des crédits prélevés sur ceux affectés au CAPES en question. Autrement dit, des sommes mises à disposition pour la préparation au concours par le Ministère et par les candidats eux-mêmes à travers leurs frais d’inscription, ont été affectées par le directeur à la ruine des espérances de ces mêmes candidats. Ceux-ci ont entendu annoncer par un professeur appointé par l’IUFM et présenté comme une autorité mondiale - devin de surcroît -, que les Antillo-Guyanais n’auraient quasiment aucune chance de réussir, ni cette année ni même dans l’avenir puisque, de toute façon, ce concours avait vocation à disparaître.

Dans cette affaire, le directeur de l’IUFM n’a pas hésité à sacrifier les intérêts de ses étudiants pour prendre parti dans une querelle de créolistes qui ne devrait le concerner en aucune sorte. Ni du point de vue la discipline (le directeur de l’IUFM est historien) ni du point de vue du devoir de réserve auquel il est tenu.

[Je laisse au Directeur  de l'IUFM le soin de répondre sur ces questions, mais il est clair que le GEREC en refusant d'assurer les enseignements de CAPES de l'IUFM est la cause directe et unique de cette mission qui, naturellement, n'a pas suffi pour l'ensemble du programme. Fort heureusement, S. Harpin, en se consacrant entièrement à cette tâche depuis le début de l'année, a assuré le suivi des cours. Je ne manquerai pas d'aider de mon mieux les candidates au CAPES et j'ai expédié 30 kilos de livres pour la bibliothèque de l'IUFM. Ils sont arrivés depuis et figurent dans la bibliothèque de l'IUFM]

En conséquence, nous réclamons l’inscription à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration de l’IUFM, de la question de la venue de Robert Chaudenson, de ses conséquences et du rôle joué par le directeur de l’IUFM dans cette affaire.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, l’expression de nos salutations distinguées.


On sonne le tocsin au GEREC
[Face à l'immense menace que je constituais, à moi-seul et par un séjour de quelques jours à l'IUFM, il a fallu mobiliser toutes les énergies et les forces géréquiennes, y compris celles des troisièmes couteaux comme Gerry l'Etang dont la lettre vaut le détour!]

Lettre de Gerry l'Etang

Schoelcher, le 06-01-2004

Chaudenson, les manipulateurs et la bouffée délirante

     Les attaques récentes de Robert Chaudenson contre Raphaël Confiant, le GEREC-F (Groupe d’Etudes et de Recherches en Espace Créolophone et Francophone) et le CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Secondaire) de créole, m’inspirent les remarques suivantes.

     La charge de Chaudenson contre Confiant trouve son fondement dans la prétention du premier à régenter la créolistique en France et en pays créole. L’opposition déterminée de Jean Bernabé (directeur du GEREC-F) et des autres membres du groupe à ce projet, allait  exposer l’équipe aux assauts incessants de Robert Chaudenson. Ces agressions aboutirent à la suppression, quatre ans durant, de tout crédit d’Etat au GEREC-F, qui ne put alors survivre que grâce au soutien du Conseil régional.

[On a vu ci-dessus que Jean Bernabé a été, de 1976 à 1998, le Vice-Président du CIEC que je présidais moi-même. L'affaire de la suppression des crédits du GEREC-F (qui devait être alors le GEREC et non le GEREC-F; l'auteur devrait réviser son histoire du GEREC), est une légende dont il me faut faire ici justice.

J'ai été, pendant plusieurs années, membre de Groupes d'Etudes Techniques auprès de la Direction de la Recherche et des Etudes Doctorale (DRED) du Ministère de l'Education Nationale.

Deux points de détail avant d'aborder le sujet :

1. Je précise que c'était durant la période où la Gauche était au pouvoir pour prévenir toute interprétation "colonialiste".

2. Je note ensuite que les affirmations de Confiant sur mon horrible dépit de ne pas être aussi bien en cour que lui auprès des "petits fonctionnaires de merde" de la Rue de Grenelle (siège du Ministère de l'Education nationale) ne tiennent guère, comme on le voit. J'ai été sollicité à de multiples reprises (et bien plus récemment encore!) et j'ai joué à la DRED, au CNU (où j'ai été nommé à quatre reprises par des ministères différents) et ailleurs des rôles dont j'espère fermement qu'ils ne seront jamais confiés à Don Confiant vu son incompétence notoire, son mode de fonctionnement mental et ses comportements mafieux..

Revenons au sujet. J'ai eu, en effet, à expertiser des dossiers de l'UAG pour des formations de recherche universitaires dans la mesure où elles devaient servir d'équipe d'accueil" pour des formations doctorales dont les universités demandaient la création. Dans ce GET, nous avions bien entendu des critères communs d'évaluation et, le plus souvent, en effet, les demandes de l'UAG concernant le GEREC ne remplissaient pas les conditions requises : par exemple, un des éléments de décision était le rapport entre le nombre de directeurs de recherche et celui  des thèses inscrites et/ou soutenues. Il n'y avait que très peu de thèses inscrites, pas de thèses soutenues (Je crois que la première thèse soutenue à Fort de France en sciences du langage a été celle de B. Cervinka). Comble de maladresse, le rédacteur des dossiers fournissait à l'appui des demandes une liste impressionnante de directeurs de recherche ce qui aggravait encore le déséquilibre ; en outre,  je les connaissais la plupart des enseignants cités  et je savais bien qu'ils étaient en France (à Paris V par exemple), en Haïti ou aux West Indies (c'est le gros inconvénient de faire faire les évaluations par des gens qui connaissent le domaine).

Le pire de tout était toutefois ailleurs. En effet, l'UAG qui, à cette époque, avait  trois professeurs titulaires dans le domaine concerné, présentait régulièrement TROIS demandes, séparées et  inévitablement concurrentes, une quatrième formation étant implantée par ailleurs en relation avec une équipe de Métropole.

Dans de tels cas, la réponse était évidente, qu'il s'agisse de l'UAG ou d'une autre université, il y avait une "navette" ; on renvoyait le dossier en disant : "Commencez par vous mettre d'accord au sein de votre établissement". Où est la perfidie de l'évaluateur dans cette affaire ?

Je crois savoir que d'autres experts, chargés comme je le fus, du dossier du GEREC ont conclu de façon négative ou réservée sur l'activité scientifique de ce groupe. Comment auraient-ils d'ailleurs pu faire autrement!

De toute façon, quand on voit ce que le GEREC a reçu du seul Conseil Régional 6 millions de francs  pour un dictionnaire qui n'a jamais été fait, on se dit qu'il valait mieux, pour le GEREC, être soutenu localement par ce Conseil Régional que de l'être, dans une reconnaissance nationale, sur les modestes crédits de la DRED qui ont été mieux employés à aider des équipes plus performantes!]
 

     En réponse à cette volonté de destruction, Raphaël Confiant contribua à l’implosion du groupe de recherches de Robert Chaudenson, l’Institut d’Etudes Créoles et Francophones d’Aix-en-Provence. Ce groupe, déjà miné par des haines recuites entre partisans et opposants à Chaudenson, vit sa ruine accélérée suite à l’irruption de Confiant dans le débat.

[Tout cela est évidemment non seulement absurde, mais faux. Je suis néanmoins heureux de l'aveu de Confiant dans cette affaire ; son rôle a été en effet décisif, mais modeste et surtout, comme à son habitude, parfaitement ignoble. Il a consisté  à diffuser publiquement les courriels personnels également ignobles que lui adressait, d'elle-même, sans consulter qui que ce soit et en prétendant parler au nom de tous,  Marie-Christine Hazaël-Massieux. Elle est entièrement responsable avec Confiant de toute cette affaire. Elle  a été désavouée par l'ensemble des 21 chercheurs de l'UMR (à une seule exception près) sans avoir le courage ou le bon sens de démissionner tout de suite, ce qui aurait tout réglé.]

     Ce précédent invalide la posture que prend aujourd’hui Robert Chaudenson : celle d’un spécialiste jugeant en toute objectivité les compétences d’un collègue. Cette posture est une imposture dans la mesure où l’homme, en réalité, règle ici des comptes, avec partialité, arrogance, outrance.
     Les tentatives de Chaudenson de discréditer Confiant au plan intellectuel ne sont pas seulement insincères, elles sont grotesques. Comme universitaire et comme écrivain, Confiant a pour lui (faut-il le rappeler ?) une renommée établie par ses doctorats Honoris Causa, ses prix et traductions, ses inscriptions dans des dictionnaires d’ici et d’ailleurs. Et son talent.
     Ces tentatives de disqualification sont d’autant plus saugrenues qu’elles émanent d’un intellectuel de troisième ordre, auteur de livres obscurs sur des sujets incertains, connu seulement d’un petit cercle d’universitaires, et plus par ses aptitudes à courtiser les puissants, briser ceux qui lui font de l’ombre, promouvoir des médiocres flagorneurs que par son apport scientifique.

[Ces deux paragraphes sont délicieux! Comment ne pas s'y arrêter un instant ?
Regardons le texte :
"Comme universitaire et comme écrivain, Confiant a pour lui (faut-il le rappeler ?) une renommée établie par ses doctorats Honoris Causa, ses prix et traductions, ses inscriptions dans des dictionnaires d’ici et d’ailleurs". Gerry L'Etang.
Or Confiant lui-même écrit (cf. supra; en date du 31 décembre 2003) : "Je ne me suis JAMAIS considéré comme un vrai universitaire". Dont acte.

Le plus drôle est, toutefois, que, pour justifier sa louange, G. L'Etang évoque les deux  "doctorats honoris causa" du dit Confiant. Pauvre Monsieur L'Etang qui révèle ainsi, non sans naïveté, qu'il ne sait pas ce qu'est un doctorat honoris causa. Qu'il consulte donc les pages roses du Petit Larousse (avec un seul r, Don Confiant!) sur le sens de cette expression latine et la nature d'une telle distinction. Il y a diverses sortes de docteurs honoris causa, mais si l'on est, par  exemple, un industriel assez riche pour faire un don important à une université (Non! Non! Il n'est pas question de me faire ironiser sur les universités qui ont accordé cette distinction à l'hôte du Petit Larousse), on peut tout à fait s'en faire nommer docteur honoris causa, même si l'on est analphabète! Si l'on a les moyens de faire un don à l'université, on peut se payer un nègre pour rédiger le discours d'usage!

Pauvre de moi.! Confiant me mettait dans les professeurs de "second ordre", Monsieur L'Etang me relègue au troisième, dont tout laissait pourtant espérer qu'il n'existât point. Je n'use jamais de l'imparfait du subjonctif, mais je fais ici une exception en faveur de Don Ralph qui l'aime, beaucoup, quoiqu'il ne connaisse pas toutes les finesses de son usage (cf. mon compte rendu de sa thèse)
.
Allez, je vais être un peu méchant, une fois n'est pas coutume. Gerry L'Etang est un homme qui n'a peur de rien, pas même du ridicule! Il faut en effet un singulier courage pour attaquer un individu (moi-même) dont le pouvoir scientifique est immense (cf. toutes les misères que j'ai faites à mes ennemis) en déclarant qu'il est l'auteur de "livres obscurs sur des sujets incertains" (merci pour la créolité!) alors qu'on se déclare soi-même (cf. la fin de la lettre) "Maître de conférences en anthropologie. Responsable des licence et maîtrise de créole à l’UAG". Foutor! (Comme on dit en réunionnais!)

J'ignorais auparavant jusqu'à l'existence de G. L'Etang dont le patronyme pittoresque aurait à coup sûr retenu mon attention, si je l'avais un jour rencontré. Comme je suis un chercheur de troisième ordre moderne, j'ai interrogé Google. Je n'ai pas fait le voyage pour rien!

Au premier coup, pour "Gerry l'Etang", j'ai eu 223 références ce qui n'a aucun sens compte tenu du mode de fonctionnement de ce moteur de recherche. Néanmoins, je vous invite à faire cette recherche, car elle est drolatique; ce qui est rare en la matière. En effet, l'association pittoresque de "gerry" et de "l'étang" provoque des télescopages informatiques des plus comiques. Selon la méthode de collecte de Google, ces 223 références sont celles de fragments de textes ou figurent les deux mots Gerry et l'étang. De ce fait, le nombre des références qui concerne effectivement l'éminent anthropologue Gerry l'Etang (docteur en....) est très réduit; une vingtaine seulement  ce qui est ridiculement peu mais doit correspondre en gros à la notoriété effective de ce "chercheur". En revanche si Gerry Mulligan a  joué du saxophone au bord d'un étang ou composé un morceau intitulé "l'étang", la référence apparaît aussitôt dans la recherche.
Le distingué anthropologue martiniquais a ainsi un concurrent redoutable en la personne d'un certain Gerry Burne, qui doit être quelque part ministre des eaux et forêts, car il a une fâcheuse tendance à se promener près des étangs ou, en tout cas, à associer, d'une façon ou d'une autre, son nom aux étangs. Ce Gerry Burne des étangs occupe donc une bonne place des références, sans parler des étangs (grands ou petits, salés ou non) où l'on ne trouve pas de trace de Gerry (Burne ou non). Ceux qui me soupçonnent d'inventer tout ça n'ont qu'à faire l'expérience!

En fait, en dehors de sa thèse (je suppose), sur La présence de l'hindouisme dans le monde (Harmattan, 1994) dont je saisis mal le lien à la créolité sinon par la migration d'une population réduite d'Indiens vers les Antilles,  on ne trouve guère, pour ce qui ressemblerait, fût-ce de loin, à des activités scientifiques, que le saucissonnage classique de la thèse qu'on décline sous toutes les formes possibles : soit seul, soit en collaboration (G. L'Etang aime les travaux en collaboration et il est même le correspondant martiniquais de chercheurs de l'Université de Montréal), dans des "causeries" (authentique!) ou des  "kabar". Je ne trouve guère comme travail, hélas non scientifique mais relevant de l'archéologie littéraire, que la traduction en français de Marisosé, roman en créole de R. Confiant dont nous avons un stock d'invendus à l'IECF d'Aix-en-Provence.
Bref, cher Gerry L'Etang, quand on a une bibliographie dont la liste exhaustive tient au dos d'un timbre-poste, il est plus sage de se tenir coi.]

Qui à la Martinique, en dehors des créolistes, aurait jamais été informé de l’existence de Robert Chaudenson si ce dernier n’avait été exposé à la lumière par une clique de manipulateurs locaux, soucieux de régler leurs comptes avec le GEREC-F et Raphaël Confiant mais incapables de risquer eux-mêmes ce combat-là, tant il est vrai que dans cette affaire il y aurait des coups à prendre ?

Robert Chaudenson ne présente en effet d’autre intérêt que d’éclairer, en négatif, ceux qui l’instrumentalisent et se cachent derrière-lui. Et derrière, il y a du monde : impuissants intellectuels et renégats politiques dont le parcours croisa un jour, pour leur infortune, l’exigence de Jean Bernabé et l’intransigeance de Raphaël Confiant.

Ces escamoteurs tentent désespérément de tirer parti du conflit entre Chaudenson et le GEREC-F, malgré les insuffisances de l’attaquant et son anachronisme hallucinant  : un colonial surgi de nulle part, éructant contre des défenseurs de la culture native, croyant revenu le temps béni des colonies.
Cette extravagance ne serait, finalement, qu’une de ces péripéties qui agitent périodiquement le marigot universitaire si Robert Chaudenson n’était allé au-delà. Emballé par la passion, l’ivresse médiatique, échappant au contrôle de ceux qui le manœuvraient, il s’en est pris certes à Raphaël Confiant et au GEREC-F, ce qui était espéré, mais aussi aux candidats au CAPES de créole, ce qui était inopportun.
[Patience cher lecteur, le plus drôle arrive]
C’était d’autant plus fâcheux que l’institution à l’origine de la venue à grand frais de Chaudenson à la Martinique n’est autre que l’IUFM, établissement accueillant des candidats au concours du CAPES de créole. Ces derniers (comme les dizaines milliers de téléspectateurs de l’émission d’ATV, Le Club) ont entendu prédire par Chaudenson l’échec inéluctable des Antillo-Guyanais : 1 lauréat antillais pour 7 réunionnais. Ils réalisèrent alors que des crédits versés par le Ministère - et par eux-mêmes à travers leurs frais d’inscription - pour leur préparation aux épreuves, avaient été affectés par le directeur de l’IUFM, Gilbert Pago, aux appointements d’un prophète de malheur venu les démoraliser. L’oracle annonça en outre la disparition prochaine du CAPES de créole.
[Pour le contenu exact de mon propos, voir ci-dessus et le texte de ma conférence à l'IUFM]

Ce dérapage divinatoire, qui suffirait à lui seul à disqualifier Robert Chaudenson, a eu des effets collatéraux au sein de l’université. Des étudiants de l’UAG qui se destinent à préparer le même concours, m’attendaient en cette rentrée de janvier tiraillés entre sarcasme et angoisse. Un débat s’instaura sur les probabilités de confirmation des prédictions chaudensonesques, suivi d’un autre sur le sens à donner à la saillie en question. J’allais hasarder une explication lorsqu’un étudiant m’interrompit en lançant : “ C’est une bouffée délirante ! ”
[Le style de Gerry L'Etang s'apparente à celui de Richard Virenque dont le "à l'insu de mon plein gré" fait encore rire la France entière.
Il nous affirme, sans rire, que "les étudiants de l'UAG qui "se destinent à préparer" le CAPES (à l'insu de leur plein gré?), sont, en cette rentrée de janvier 2004, partagés entre "le sarcasme et l'angoisse". Comme l'écrit de ce concours aura lieu dès mars 2004, il faudrait, sous peine d'apporter de l'eau à mon moulin, qu'ils commencent PREPARER ce concours au lieu de SE DESTINER à le faire!

Je trouve ici la meilleure des confirmations à mon pronostic qui, faut-il le dire, concernait essentiellement les candidats éventuels suivant la prétendue préparation  "sauvage" à l'UAG dont les enseignants se destinent à commencer à penser à faire des cours de préparation au CAPES créole
A la rentrée de janvier 2004, les étudiants candidats au CAPES  en sont donc encore, de l'aveu même du responsable de ces enseignements, à des réflexions collectives sur la possibilité éventuelle d'une décision ultérieure de préparer les épreuves écrites de mars 2004.
Ces propos sont si aberrants que je n'y vois qu'une explication : s'ils échouent au CAPES, ce sera de MA faute car je les aurais finalement détourné de l'idée de commencer à le préparer.]

                              Gerry L’Etang
             Maître de conférences en anthropologie
   Responsable des licence et maîtrise de créole à l’UAG
 



REACTIONS DIVERSES ET DIVERGENTES
TEXTE PARU DANS POTOMITAN

De : "eliazora" Thu, 01 Jan 2004 00:01:41 -0000
À
Objet : [potomitan]
 

Plus de succès pour Potomitan.

Si j'avais plus de temps, j'aurais envoyé plus de messages
Je les lis tous et j'apprécie tous ceux qui défendent la culture
créole.
J'aurais des questions à poser sur les pratiques magiques et sur
Haïti.
Je me positionnerais en avocat du diable, car vois tu Kounta ce que
tu écris peut être critiqué et contesté. La science n'est pas une
vérité suprême.
Il nous faut absolument ouvrir le débat.

Chaudenson a raison et Confiant n'est qu'un opportuniste complexé.
Ses travaux ne sont pas universitaires. L'émission sur ATV dans
l'émission "Club" m'a permis de voir qu'il y a le Gerec-F et les
autres.On a cassé du sucre sur le dos de Prudent alors qu'il a été
l'un des précurseurs de la recherche en créole.
Potomitan est-il parmi les autres ou est-il impartial?.

Le créole n'appartient pas à un seul groupe hégémonique. Il est
l'affaire de tous. Y a-t-il un créole ou des créoles? Le Capes de
créole(s)[ pluriel ou singulier?] n'est-il pas une mascarade avec
ses deux valences?

Les débats vont pleuvoir dans ce brouillard où tout n'est pas
dévoilé. le créole mérite plus que ces querelles et ces clans
d'intellectuels qui ne savent même pas bien le parler...
Une pléthore de graphie qui vous trouble et désarçonne.

La parole au peuple!
Le créole est vivant et est en péril à cause des manipulations
d'apprentis créolistes. Des intellos en plein délire, frustrés
poursuivant leur utopie dangereuse.

E.

[Le texte ci-dessus, dont je ne connais pas l'auteur (peut-être Eliazora est-il un pseudonyme) est très courageux, tant pas son contenu que par son lieu de publication.
D'un lieu qui ne m'était guère favorable (Potomitan), il exprime le sentiment d'un désir de débat et de confrontation de points de vue qui est un élément déterminant dans ma décision de m'engager ici sur ce terrain de l'information publique.
En outre, E. évoque, dans l'avant-dernier paragraphe, un fait intéressant que m'ont indiqué plusieurs anciens camarades de classe de R. Confiant, dont le père était directeur d'école et qui dans son enfance scolaire n'aurait jamais parlé créole. Cet aspect de la biographie linguistique de Confiant est fort éclairant au plan psychologique. Il a du "créole à rattraper" mais est-ce la bonne méthode?]
Ce désir d'ouverture et de rupture avec le monopole de la pensée revendiqué par le GEREC s'est exprimé sous d'autres formes. Voici un texte de la même période qui l'exprime, non sans vigueur.


COMITÉ DE DÉFENSE DU CRÉOLE DU PEUPLE
 

" Parions que le jour où des docteurs ès créole " trôneront dans des universités antillaises, le peuple aura gardé suffisamment d¹humour pour secouer le pays d¹un immense éclat de rire ".
Monchoachi

La venue du professeur Robert CHAUDENSON à la Martinique, à l¹invitation du directeur de l¹IUFM, M. Gilbert PAGO, semble avoir provoqué une crise d¹urticaire chez quelques propriétaires, sans titre, du créole.

Incapables de répondre aux arguments de l¹un des pionniers reconnus de l¹étude scientifique du Créole à l¹Université, les nouveaux théologiens du créole se réfugient dans l¹injure, l¹insulte et la menace, sans que le pape de la nouvelle foi qui pourrait utilement et légitimement intervenir dans le débat, n¹ose les retenir.

Après avoir lancé contre Robert CHAUDENSON une procédure d¹excommunication s¹apparentant davantage à la fatwa qu¹à la contestation scientifique de ses points de vue, les voilà lancés sur les sentiers d¹une guérilla imbécile et sans issue contre le Directeur de l¹IUFM.

Gilbert PAGO serait coupable d¹avoir permis à un mécréant de préparer ses étudiants à leurs examens et à leur concours et, chemin faisant, de démasquer et de ridiculiser les faux titres de propriété sur le créole.

On peut ne pas être d¹accord avec les conceptions de M. CHAUDENSON sur l¹enseignement du créole. On peut même contester telle ou telle formule inutilement assassine d¹un brillant polémiste contre lequel ses adversaires ont souvent usé de formules encore plus assassines. C¹est affaire de spécialistes. Laissons-les en débattre entre eux.

Mais a-t-on besoin d¹être spécialiste du créole pour dénoncer le chantage dont Gilbert PAGO est menacé parce qu¹il a osé prendre le risque d¹inviter un authentique chercheur dans l¹Établissement qu¹il dirige et dont la fonction est de préparer les futurs cadres de notre enseignement public ?

On souhaitait un débat entre spécialistes sur les moyens les plus économiques, les plus sûrs et les plus rapides, s¹il en existe dans ce domaine, de faire avancer un cause aussi chère aux uns qu¹aux autres.

Ce débat n¹a pas eu lieu. Ce n¹est ni la faute de l¹IUFM ni celle de CHAUDENSON. Le GEREC-F avait été publiquement et courtoisement invité à la conférence débat organisée le 18 décembre dernier à l¹IUFM. Il n¹est pas venu. Il n¹a même pas cru devoir se faire représenter par l¹un quelconque de ses ténors.

Il y a un mot en créole pour désigner cette dérobade. Yo kayé ! Ce pays n¹aime pas cela. Les amis du créole le déplorent.

Les faux monnayeurs de la créolité doivent savoir qu¹il y a dans ce pays des hommes et des femmes, jeunes et vieux, hommes de culture et hommes de la rue qui ne sont ni moins attachés ni moins soucieux qu¹eux de la promotion d¹une langue qui a moins besoin d¹être défendue que d¹être mieux comprise et plus largement utilisée.

Les amoureux du créole, tel qu¹on le parle dans le peuple, des cours de récréation de nos écoles, de nos collèges et de nos lycées aux veillées mortuaires de nos campagnes, en passant par les marchés, les stades et autres lieux de notre vie quotidienne, n¹entendent plus laisser à une poignée d¹intellectuels, pour la plupart tardivement venus au libre usage du créole, le monopole de la réflexion et de la définition des normes d¹utilisation de leur langue.

Sous prétexte de lutter contre la décréolisation dont celle-ci serait menacé, quelques docteurs Diafoirus de la nouvelle théologie sont en train de substituer à la langue du peuple un jargon incompréhensible et inaccessible au plus grand nombre.

Nous sommes résolument opposés à cette entreprise obscurantiste. Nous nous engageons à lutter sur tous les plans contre l¹un des principaux obstacles au plein épanouissement du créole : la tentative de barouf d¹un quarteron de sorbonicoles et de sorbonagres sur la langue du peuple.
[Toutefois (et à toute chose malheur est bon) l'ignominie même des attaques lancées sous le masque (transparent pour tous) du CVCC, a provoqué, en Martinique, des réactions salutaires dont l'une des plus notables est la lettre ouverte suivante publiée dans la presse locale. Ce texte, comme le précédent, montre que les considérations politiciennes n'ont joué aucun rôle dans ce débat, contrairement à ce que répète sans relâche le GEREC qui n'a plus guère comme argument que ma dénonciation comme "agent du colonialisme". Gilbert Pago, Serge Harpin, Edouard de Lépine et bien d'autres parmi les signataires de la lettre que je reproduis ci-dessous sont-ils aussi des agents du colonialisme pour avoir, sur ces problèmes, des vues différentes de celles du GEREC ? ]



Lettre ouverte : Droit au débat et respect de la personne.

Notre langue nous habite. Nous vivons en elle, elle vit en nous. Parfois, malgré nous. Notre relation à elle, toute d’amour et de haine, n’est jamais faite que de ce qui relève de l’humain. Nous avons tous un devoir envers elle, envers nous-mêmes : la respecter.
Et le créole est une grande chose. “ Et les grandes choses méritent que l’on s’en taise ou que l’on en parle avec grandeur …”
Pourtant, depuis quelques temps, circulent à travers les boîtes aux lettres informatiques, des communiqués (n° 25 et 26) signés d’un comité de vigilance pour le CAPES de créole (CVCC), dont les propos, affligeants, témoignent d’un manque de dignité de leurs auteurs, car la parole n’est pas sans maître.
La critique se doit d’être énoncée en arguments contre le discours qu’elle vise. S’attaquer en termes vulgaires et bas aux personnes donne à voir un manque d’assurance dans la thèse défendue. Et avec raison, des actes de cette sorte vont naturellement à l’encontre de leur cause supposée. Alors refuser pour tous ceux qui auraient manifesté un point de vue différent, d’être diffamés dans leur vie personnelle ou leur compétence intellectuelle doit être un principe.
Nous, signataires, affirmons haut et fort que nous ne pouvons accepter de tels comportements, que nous condamnons fermement de tels procédés. Et nous tenons à le faire savoir, pour refuser cette intolérance digne de comportements qui n’ont nul motif d’être.
Faire savoir que les auteurs de ces communiqués ne méritent aucun égard.
Faire savoir que le dogmatisme intellectuel contre lequel nous sommes vigilants, ne doit pas avoir d’avenir dans ce pays, car la liberté d’expression n’est pas monnayable mais relève de la culture et du droit.

Jean-Pierre ADELAÏDE ; Gilles ALEXANDRE ; Emmanuel ANTOINE; Magali ANTOINE ; Jocelyne ARNOUX ; Marie-Line BEJGANE ; Rita BONHEUR ; Nicole CAGE - FLORENTINY ; Cécile CELMA ; Claude CHONVILLE, Annie COLLOT ; Camille DARSIERES ; Edouard DELEPINE ; Marie Laurence DELOR; Jeff FLORENTINY ; Marius GOTTIN ; Marie-Denise GRANGENOIS ; Christian JEAN -ETIENNE ; Myriane JOLY-BRAY, Claude LARCHER ; Thérèse LÉOTIN, Liliane LEPASPEUR ; Michel LOUIS ; Karine MAURIOL ; Georges (Bernard) MAUVOIS ; Manuel NORVAT, Roger PARSEMAIN ; Philippe PIERRE-CHARLES, Louis-Georges PLACIDE ; Jean Paul SOÏME ; Jean-Claude WILLIAM.
 

[Par ailleurs, à ces textes de Confiant et/ou du CVCC dont, comme on peut le constater l'indigence argumentaire va croissant au fil des semaines, se sont ajoutés des communiqués du Comité de Vigilance du Capes Créole visant personnellement Gilbert Pago, directeur de l'IUFM (communiqué n° 25) et Serge Harpin, coordonnateur des enseignements de Langue et culture créoles de ce même IUFM de Fort-de-France (communiqué n° 26).
Je ne donnerai pas à l'auteur(car il n'y en a sans doute qu'un seul et le désaveu général dans son propre camp le désigne)  de ces libelles infâmes le plaisir de les voir repris ici. Je souhaite en revanche vivement que ces écrits calomnieux aient les suites judiciaires qu'ils méritent. Des procédures ont été engagées, ce qui a fait aussitôt souffler un vent de panique au sein du CVCC.

Le communiqué n° 26 du CVCC, en effet, a été diffusé le 8 janvier 2004, à partir de l'adresse suivante:  De : Raphaël CONFIANT < Raphaël.Confiant@martinique.univ-ag.fr ; 8 janvier 2004.

Deux remarques à ce propos :
La première, la plus grave, est que le CVCC qui se dissout le 28 janvier 2004 à la suite, précise-t-on; de l'usurpation de son nom pour la diffusion de calomnies ignobles, a attendu  près de 3 semaines pour donner forme à une si légitime  et si vertueuse indignation. A qui fera-t-on croire pareilles sornettes ?  Il est clair que c'est la lettre recommandée de Serge Harpin, elle-même annonciatrice de papier timbré et d'assignation en justice qui a inspiré cette soudaine prise de conscience morale au CVCC.
La seconde est que ce texte a été diffusé, sinon écrit, par celui qui l'a expédié, par courriel, via le serveur de l'UAG. Comment une université française peut-elle mettre sa messagerie électronique au service de pareils individus ?

On doit d'autant moins croire aux condamnations hypocrites des communiqués 25 et 26 que les ignobles attaques contre G. Pago (formulées dans le communiqué 25) étaient déjà  largement commencées dans le communiqué n° 23 du même CVCC le  30 décembre 2003.
La terreur qui frappe le CVCC fait donc plaisir à voir et on ne peut que se réjouir de la disparition de ce groupuscule clairement fascisant. Cependant, on ne doit pas trop pavoiser car il renaîtra de ses cendres, une fois la panique disparue.]
 


LA FIN DES VIGILANTS

28 janvier 2004.
De: "Kounta_Banare"
Date: Mer 28 jan 2004 01:21:39 Europe/Paris
Objet: [potomitan] Dissolution du CVCC le 23/01/04

Le Comité de vigilance pour le capes de créole n'existe plus. En effet, après une lettre anonyme envoyée à M. Harpin, sous le nom emprunté du CVCC.

Voici la teneur du courrier :"

Mise au point à l'attention de M. Serge Harpin

En réponse à vos lettres recommandées, nous vous prions de prendre connaissance de ce qui suit.

Le Comité de Vigilance pour le CAPES de créole a été créé au moment où ce concours a été officialisé par le ministre en poste, pour répondre aux manouvres de personnes hostiles à la concrétisation de cette décision ministérielle. Tout communiqué sortant de ce cadre-là ne peut qu'être extérieur aux objectifs du comité.
Suite à l'utilisation du nom du “ Comité de Vigilance pour le CAPES de créole ” pour la diffusion d'un communiqué dont ils condamnent la teneur, et afin de mettre un terme à une situation pour le moins confuse, les soussignés membres du Comité décident à
 l'unanimité, le vendredi 23 janvier 2004, la dissolution dudit Comité.

Ce faisant, ils tiennent à préciser qu'ils se réservent le droit de continuer, individuellement ou collectivement, à dénoncer les agissements de ceux et celles qui, ici et ailleurs, persévèrent dans leurs manouvres visant à discréditer le CAPES de CRÉOLE.

Daniel BOUKMAN, Serge DOMI, Charles-Henri FARGUES, Jeff FLORENTINY, Paul GABOURG, Jean-Michel JO, Jean-Pierre LAUHON, Claude MARLIN, Pierre PINALIE
 



[Don Ralph est désormais tellement affolé qu'il confond une réaction de personnalités hors IUFM (la  lettre ouverte citée ci-dessus) avec la motion des personnels de l'IUFM qui soutiennent G. Pago et S. Harpin.]

Courriel de CONFIANT du 29 janvier 2004-
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De : "Kapes Kreyol"Date : Thu, 29 Jan 2004 08:47:20 -0400
 Objet : A faire circuler

Réponse à un communiqué émanant de l'IUFM-MARTINIQUE [pas du tout bien sûr, on vient de le voir!]

COMMUNIQUE
Quand un individu venu du froid, colonialiste et anti-nègre, le sieur
Robert CHAUDENSON, spécialement invité par l'IUFM et ses "nègres
domestiques", passe une semaine entière sur TOUS les médias martiniquais à
injurier et diffamer le GEREC-F en général et Raphaël Confiant en
particulier, les droits de la personne humaine ne sont pas bafoués, n'est-ce
pas ?
Quand il prononce 14 fois le nom de Confiant à l'émission "LE CLUB"
d'ATV, multipliant les propos diffamatoires et injurieux__cela sans que
l'accusé puisse répondre__, les droits de la personne humaine ne sont pas
bafoués, n'est-ce pas ?
ARRETEZ VOTRE CINEMA, BANDES D'HYPOCRITES ET DE LACHES !
Votre communiqué n'est que le reflet de votre soumission au Papa Blanc.

[L'argumentaire de Don Raphaël ne se renouvelle guère (la ficelle est un peu grosse!); il panique de plus en plus à la suite des réactions et replis stratégiques de nombre de ses amis devant son comportement absurde. Le talentueux polémiste a de plus en plus la goutte à l'imaginative.]
 



Communiqué de CONFIANT 31 Janvier 2004

De : "Kapes Kreyol"
Date : Sat, 31 Jan 2004 08:08:32 -0400

ROBERT CHAUDENSON = BOB DENARD

[les fautes sont dans le texte]
En Afrique, lorsque les nègres ont un différend, certains, toujours
aliénés à l'Occident, malgré un demi-siècle d'indépendance, font appel à des
MERCENAIRES BLANCS. L'exemple le plus connu est celui du sinistre Bob Dénard
qui sévit jadis aux Comores où il assassina, avec ses sbires, le président
élu, afin d'installer les nègres domestiques qui l'avaient commandité.
Il semblerait que de semblables moeurs soient, lentement mais sûrement, en
train de s'installer dans notre belle Martinique. En effet, à la fin du mois
de décembre dernier, les responsables d'une institution de formation de la
place ont organisé la venue d'un Bob Dénard du créole, le sieur Robert
Chaudenson, lequel s'est livré à une série d'attaques venimeuses contre le
GEREC-F et certains de ses membres les plus éminents.
Résumons les trois temps forts de cette opération-commando menée par
Dénard-Chaudenson :
__attaque au lance-roquettes sur RFO-Télé, RCI et France-Antilles.
__attaque à la mitrailleuse lourde lors d'une conférence donnée devant
les étudiants de l'IUFM (conférence dont le texte est publiée sur le site
web de l'un des commanditaire de l'opération).
__attaque au char d'assaut à l'émission "LE CLUB" sur ATV, opération
s'apparentant à un véritable lynchage médiatique.
Dénard-Chaudenson a ainsi multiplié les déclarations injurieuses et les
propos diffamatoires à la grande satisfaction de ses commanditaires nègres
bien planqués derrière la soi-disant haute stature du Mercenaire Blanc ainsi
qu'à la satisfaction de la fraction créolophobe de la population
martiniquaise, notamment la Droite réactionnaire.
Aujourd'hui, ces messieurs-dames les commanditaires de cette basse
opération s'indignent, jouent les vierges effarouchées, pétitionnent et
hurlent au déni de la personne humaine et bla-bla-bla parce que certains
d'entre les agressés ont riposté. Il y aurait de quoi en rire si cela ne
reflétait la triste mentalité de colonisés satisfaits et d'aliénés de ces
personnes. En fait, tout ce qu'on peut faire pour eux, c'est leur donner un
petit conseil :
LA PROCHAINE FOIS, ALLEZ VOUS-MEMES A L'ASSAUT AU LIEU DE FAIRE APPEL A UN MERCENAIRE BLANC, BANDE DE LACHES ET DE NEGRES DOMESTIQUES !

[Tous les Martiniquais qui ont vu le journal télévisé du 17 décembre 2003 l'ont constaté, l'interview de RFO était un guet-apens dans lequel on m'avait attiré, mais qui a tourné à la confusion de ses instigateurs en raison même du fait que le journaliste chargé de l'exécution ne connaissait rien au dossier.]
Le désarroi et la panique de Don Ralph font une fois encore plaisir à voir.]
 



LES MISES AU POINT CONTINUENT
A PROPOS DE LA LETTRE OUVERTE COLLECTIVE REPRODUITE AU DEBUT
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De : "Kounta_Banare"  Sun, 01 Feb 2004 15:49:44 -0000

Objet : [Potomitan] Qui a écrit au nom du CVCC?

CVCC : Comité de vigilance pour le capes de créole.

Des communiqués ont été publiés sous le nom du CVCC. Des torchons qui salissent encore l'univers de la langue créole.

A qui profite le crime? Qui a des comptes à régler? Qui peut avoir autant de bassesse?
Qui peut manquer d'autant de respect de soi, de convenance, correction, décence, délicatesse, discrétion, éducation, fierté, gravité, honnêteté, honneur, modestie, politesse, propreté, pudeur,
quant-à-soi, réserve, respect, retenue, sagesse, sobriété, tact, tenue, vertu. ? Pour ne pas en dire plus.
Je reste persuadé que ce "déversoir de déjection" se traîne à  proximité du monde du créole, pour ne pas en dire plus... Celui qui est à l'origine de ces communiqués sait s'adonner à une littérature de bas-étage.

Dlo sal pa ka anpéché larivyè-a kouri...

Il est inconcevable et condamnable de se servir d'autrui et de les manipuler.
Beurk !
Je ne manquerais pas de faire publier, sur la liste de diffusion Potomitan, un article paru sur France-Antilles (Martinique) n° 11 , 108, du samedi 31/01/2004, "courrier des lecteurs", page 08, avec tous les noms des signataires. Article intitulé : "Droit au débat et respect de la personne"

Kounta/Jean-Pierre Lauhon
Potomitan le 01/02/2004

[Le texte qui est évoqué dans ce message est celui  que j'ai moi-même reproduit plus haut.]
 

L'AUTEUR DEMASQUE ?
LE LENDEMAIN

De : "Kounta_Banare"  Mon, 02 Feb 2004 00:10:39
Objet : [Potomitan] Déçu par quelqu'un en qui j'ai été confiant

Tu peux avoir confiance en quelqu'un qui un jour te calomnie. En
voici ce que disait l'Ecrivain Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
à propos de la calomnie.

“La calomnie, monsieur! J'ai vu les plus honnêtes gens près d'en
être accablés. D'abord un bruit léger, rasant le sol comme
l'hirondelle avant l'orage, murmure et file, et sème en courant le
trait empoisonné. Telle bouche le recueille, vous le glisse en
l'oreille adroitement. Le mal est fait; il germe, il rampe, il
chemine, et, de bouche en bouche il va le diable; puis tout à coup,
ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s'enfler,
grandir à vue d'oeil. Elle s'élance, étend son vol, tourbillonne,
enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri
général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de
proscription. Qui diable y résisterait?”. (Beaumarchais, Le Barbier
de Séville, II, 8)
 

De kounta/Jean-Pierre Lauhon
01/02/2004

Kreyol sé sel masibol mwen
Le créole est ma seule dulcinée

[Le jeu de mot est transparent "quelqu'un en qui j'ai été confiant"...  ou plutôt peut-être  "Confiant" ?]


"FAITES DONNER LA GARDE CRIA-T-IL" (V. Hugo)

Jean Bernabé, tenu en réserve ou prudent, avait été discret dans tous ces échanges. Don Ralph, comme Napoléon à Waterloo (cette comparaison flatteuse devrait m'attirer des bonnes grâces), fait finalement donner la garde mi-janvier 2004.
En gros, Bernabé me dénonce comme le chef du "camp de la réaction, de l'assimilationnisme et de l'agenouillement", comme gaulliste (quoiqu'il me présente aussi dans ce même texte comme  tout puissant auprès du Ministère socialiste de Jack Lang où je choisis les membres du jury de CAPES), etc. Allez comprendre...
Le plus important est qu'il dit tout net que "les mamours de Chaudenson avec moi [Bernabé]" sont inventés pour les besoins de la cause et visent à semer "la zizanie" dans le GEREC. Ce point est à mes yeux essentiel. Le reste a été dit cent fois, mais c'est en revanche la première fois que Bernabé affirme sans ambage que je mens sur nos relations passées.
Je laisse donc de côté les sottise habituelles et c'est donc sur ce point surtout que je vais répondre car cette accusation est bien plus grave que les autres.. Je pense qu'au terme de la lecture de ma réponse, chacun pourra se faire une idée plus précise du caractère et de la personnalité de Jean Bernabé.
Antilla ayant fort courtoisement et sans problème accepté de publier mon droit de réponse , je reproduis pour la clarté du débat le texte de Jean Bernabé.

Le Pago-Chaudensonisme est arrivé!

Tous ceux qui ont suivi le Club d'ATV du 28 décembre dernier (animée avec une déférence qui ne saurait étonner que les naïfs) ont pu se rendre compte par eux-mêmes du clivage qui, traversant les études créoles universitaires, y dessinent deux camps inconciliables: celui du progrès et de la dignité (représenté par le GEREC-F, que j'ai l'honneur de diriger à l'Université des Antilles et de la Guyane) et celui de la réaction, de l'assimilationnisme rampant et de l'agenouillement (sorte de constellation d'intérêts divers gravitant autour de Robert Chaudenson, l'homme qui, arrivé à la Réunion en 1963, dans les valises du gaulliste de choc Michel Debré, y a découvert le créole, dont il s'est fait une spécialité, et qui a toujours aspiré à régenter ce domaine). Pour la première fois, les téléspectateurs d'ATV ont pu aussi découvrir une partie du visage caché de Pago. Le directeur de l'IUFM révèle enfin son camp. En confiant au chef des créolistes réactionnaires et assimilationnistes une mission d'enseignement auprès des deux seuls candidats que l'IUFM est censée préparer, cette année, au CAPES de créole, il a décidé de faire venir en Martinique l'imprécateur en chef contre le GEREC-F: lorsque le ministre Jack Lang reconnaissant le combat mené par le GEREC-F en instituant le CAPES de créole selon les normes de notre groupe de recherches, n'est-ce pas ce même Chaudenson qui s'en faisait le violent pourfendeur? Mais grâce à ses petites entrées auprès de l'administration du ministère, ce dernier a mis la main sur le CAPES de créole tant décrié, en y faisant nommer comme président un de ses zélés disciples. C'est cette magouille originelle qui trouve un prolongement dans la récente mission à double détente (enseignement et communication tous azimuts) que je mets publiquement en cause dans ces lignes. Pendant deux années (2002 et 2003), les membres du GEREC-F (les seuls actuellement, sur la place, à pouvoir dispenser un tel enseignement de façon sérieuse) ont assuré la quasi totalité des cours de préparation au CAPES de créole, dans le cadre de l'IUFM. Parmi les nombreux reproches que nous adressions au directeur de l'IUFM, espérant qu'il finirait par en tenir compte, figurait notamment celui de ne pas réagir contre l'injustice faite aux candidats antillo-guyanais par le seul fait que La Réunion, favorisée par un jury aux ordres de Robert Chaudenson, raflait la moitié des postes mis au concours et ce, avec une population de beaucoup inférieure à celle des Antilles et de la Guyane réunies. Or l'Université de La Réunion n'a obtenu la création de sa licence de créole qu'en 2002 et n'a toujours pas de maîtrise tandis que, à l'UAG (Guadeloupe, Guyane et Martinique), nous bénéficions d'une licence et d'une maîtrise de créole depuis 1995. Devant la politique de l'autruche du directeur de l'IUFM, les membres du GEREC-F ont donc décidé, à la rentrée 2003-2004, de se retirer de la formation dispensée dans son institut et d'en offrir une complète au concours et ce, dans les locaux de l'université. Signalons que, en France métropolitaine, il n'est pas rare de voir des universités prendre en charge des préparations à différents CAPES. Notre formation est suivie, cette année, par une douzaine de candidats (plus nombreux donc que les deux premières années). Nous avons donc à nos cours 6 fois plus de candidats que l'IUFM, qui ne comptabilise que deux inscrits, obtenus par un racolage désespéré, et dont le faible encadrement sert de justificatif à la mission à double détente de Chaudenson. On a d'ailleurs vu tel enseignant de l'IUFM aux abois demander nos cours aux lauréats de la session 2003, actuellement en stage de formation dans ladite IUFM. Quelle honte !). [On se demande bien pourquoi une telle demande puisque ces "cours" sont pour la plupart publiés dans les guides ou disponibles sur site] Quand Chaudenson prétend que les deux candidats de l'IUFM sont les seuls, aux Antilles-Guyane, à recevoir une formation, il ment donc grossièrement. Objectif semer la confusion et discréditer le GEREC-F. Mais dans sa hargne contre notre groupe de recherches qui a toujours su associer étude scientifique du créole et développement culturel – je pense notamment au Mouvement de la Créolité de renommée internationale – a commis une grave erreur que tous les téléspectateurs auront relevée : sachant le jury à sa botte, Chaudenson a eu l'arrogance d'annoncer publiquement à la fin de sa prestation télévisée, que en 2004, pour occuper les 8 postes mis au concours, il n'y aura qu'un seul lauréat émanant des Antilles-Guyane et 7 de la Réunion. Chacun aura pris la mesure de l'imposture de Pago qui, en adepte de la culture du reniement qu'il partage si bien avec certain de ses proches, travaille contre ses compatriotes jusques et y compris ses propres étudiants. Mais aussi l'arrogante assurance du “parrain” Chaudenson qui, après avoir proclamé, sans la moindre pudeur dans la démagogie et le paternalisme, que de tous les DOM, les Martiniquais étaient les meilleurs, les plus intelligents, les plus avancés, annonce quelques minutes plus tard et, surtout, quelques mois avant les résultats du futur concours 2004 que ces mêmes Martiniquais ne seraient pas en mesure de remporter plus d'un poste sur 8. Les téléspectateurs auront compris que les mamours de Chaudenson envers moi (son “ami de 28 ans” ) ne sont que procédés machiavéliques pour tenter de semer la zizanie dans une équipe nombreuse, performante et soudée par un commun idéal de développement culturel de nos pays et, par là même, régler ses comptes avec Raphaël Confiant. En effet, ce dernier, avec la puissance polémique qu'on lui connaît, avait critiqué avec force et pertinence les positions anti-CAPES de Chaudenson, ce qui lui a valu son exclusion a priori d'un jury où il était un des premiers à avoir sa place, au vu de son parcours d'universitaire, de spécialiste du créole et d'homme de culture. [Défense de rire! Le "parcours d'universitaire" de Confiant! On croit rêver! J'aimerais tout de même savoir par quoi Don Ralph "tient" Bernabé.]Les Martiniquais auront compris que Chaudenson, Pago et leurs affidés apostés prudemment dans l'ombre sont en train de préparer les esprits à l'éventualité des résultats des délibérations d'un jury inique devant officier lors du CAPES 2004 et animé chacun le devine aisément, de la volonté de punir le GEREC-F de son acte d'indépendance. On ne lui pardonne pas de résister à la volonté de suprématie de Chaudenson-Ubu. Mais cette fois, ils sont allés trop loin. De toute façon, la démesure de leur chef de file aura permis à tous les téléspectateurs de comprendre pourquoi, les membres du GEREC-F se sont substitués à l'IUFM afin de faire jaillir la vérité du scandale que représente l'organisation actuelle du CAPES de créole. Un concours où, il faut que chacun le sache, des membres du jury non créolophones continuent à trouver normal de corriger des copies du CAPES rédigées en créole en se faisant aider de traducteurs. Un concours, enfin, où des Antillo-Guyanais de service ont accepté de servir de faire-valoir à ceux qui n'ont pris la direction de ce CAPES que pour mieux le couler. Chaudenson n'a-t-il pas conclu son show télévisé par l'annonce de la disparition prochaine du CAPES de créole? Les attaques du bonhomme sont trop grossières pour nous impressionner. Mais nul ne doute que, de toute manière, nous ne laisserons pas faire. Jean Bernabé Professeur des universités, Directeur du GEREC-F (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créolophone et Francophone)
 
 

DROIT DE REPONSE DANS ANTILLA.
Février 2004

Je viens de prendre connaissance de l'article de Jean Bernabé publié dans Antilla (n° 1073, 14 janvier 2004) et diffusé électroniquement dans Kapeskreyol on line. Cet article me mettant gravement et longuement en cause, je pense que vous accepterez de publier ma réponse, sans me contraindre à user de voie de justice.

J'y apprends, avec surprise mais sans réel étonnement, que si je croyais, avec naïveté je l'avoue, que j'avais, depuis 29 ans  des relations amicales avec Jean Bernabé, il n'en était rien de son côté.. "Relations amicales" n'implique nullement dans mon esprit un accord en tout et sur tout. Cet article a toutefois, à mes yeux, le mérite essentiel de me libérer du devoir de réserve qui, à mes yeux du moins, est lié à ce genre de relation. Ce que je vais dire dans la suite n'aurait donc jamais été rendu public sans cette circonstance.

Je commencerai par un fait anodin, mais qui prend tout son sens pour éclairer la psychologie du personnage. J'ai reçu FIN 2002 (ce n'est donc pas si vieux et rien ne l'obligeait à pareil geste, surtout après la lettre d'injures publique, co-signée avec Confiant en NOVEMBRE 2000!) un exemplaire du Bailleur d'étincelle, roman de Jean Bernabé, avec la dédicace manuscrite suivante, en date du 11 septembre 2002, "Au responsable de l'Institut d'Etudes créoles et francophones, Robert Chaudenson, cette oeuvre de fiction, un saut hors de la raison et de la déraison créolistique. Jean Bernabé, 11/9/02". A relire cette dédicace dont je ne commenterai pas le contenu ambigu), je me demande si la date du 11 septembre relevait du simple hasard ou d'une choix volontaire. Cet exemplaire n'aurait-il pas été piégé et trempé dans un poison, comme au bon temps de Marie de Médicis ou de la Voisin! Sa lecture, au contact du poison, m'aurait peut-être irrémédiablement condamné! Fort heureusement, de toute façon, le livre m'est tombé des mains à la deuxième page!

A vrai dire, cet envoi m'avait agréablement surpris car j'y avais vu un signe discret, et par là amical, au-delà des différents scientifiques et universitaires que nous avions pu avoir (allusion subtile à la "déraison créolistique"). J'étais d'autant plus porté à le croire qu'en 1987, Jean Bernabé m'avait déjà dédicacé un exemplaire de sa grammaire créole et dans des termes qui en surprendront plus d'un, puisque Jean Bernabé me désigne aujourd'hui comme un adversaire acharné des études créoles, l'homme qui dirige "le camp de l'assimilationnisme et de l'agenouillement" (J. Bernabé, in Antilla , article cité, et Kapeskreyol). Voici le texte de cette stupéfiante dédicace "Ba Robert Chaudenson ki dépi konmen tan ka goumen pou wouchach kreyol la. Jean Bernabé" [ Ici j'ajoute une note explicative pour ceux qui ne parleraient pas le martiniquais "A Robert Chaudenson qui depuis longtemps combat pour la recherche créole"]. Je tiens naturellement à la disposition de qui souhaite les voir les photocopies de ces dédicaces.

Je ne rappellerai pas, car je sens ce que cela a de dérisoire, nos relations qui ont commencé dès 1975, à Lomé, lors d'une Assemblée générale de l'AUPELF, dans cette Afrique qu'il ne connaissait pas et où il arriva ému à l'idée de retrouver la terre de certains de ses ancêtres (Lomé n'est pas loin de Juda ou Ouidah d'où partirent effectivement nombre de traites négrières; c'est là une simple précision historique et seul le hasard, décidément malicieux, fait qu'on pourrait faire un mauvais "à peu près" entre Juda et Judas!). Toutefois, cette émotion première céda vite la place, chez lui, à une peur panique, bien naturelle chez un Foyalais de bonne famille, terrifié par l'environnement naturel et humain de la vraie Afrique (et non de celle qu'on évoque avec émotion dans des articles). Sa première sortie (il nous accompagna, un soir, dans un "maquis") fut aussi la dernière. Au bout de cinq minutes passées dans la cour où nous devions dîner (il est vrai qu'il y avait pas mal de moustiques) et à la vue des boules de manioc et du poisson en sauce qu'on nous proposait, il sauta dans un taxi pour regagner l'hôtel de luxe où nous logions et il n'en sortit plus jusqu'au départ.

Je dois rappeler que c'est Jean Bernabé qui, en 1978 (nous avions entre temps créé le Comité International des Etudes Créoles dont nous étions, moi le Président, lui un Vice-Président), m'a fait découvrir la Martinique où j'allais pour la première fois. C'est alors que je l'ai persuadé, non sans mal, d'abandonner la thèse de 3e cycle qu'il avait commencée et dont il n'avait pas besoin, en fait, puisqu'il était déjà agrégé.. C'est ce qui l'a conduit à faire directement une thèse d'Etat et lui a permis une carrière somme toute rapide. Ce n'aurait pas été le cas s'il avait dû faire une thèse de 3e cycle, puis une thèse d'Etat et cela d'autant qu'à l'époque, on ne pouvait, comme tel autre plus tard, se faire délivrer sur place une thèse de complaisance.

Je lis avec amusement que je suis arrivé à la Réunion, en 1963, "dans les valises du gaulliste de choc, Michel Debré". L'idée est aussi comique qu'absurde; en effet, Debré est arrivé à la Réunion, pour s'y faire élire député, en 1962. Comme j'ai débarqué sur cette île le 26 août 1963, le pauvre monsieur Debré aurait dû attendre bien longtemps ses valises! Je suis parti alors, comme nombre d'autres, dans un cadre que tous les Antillais connaissent, celui du Service Militaire Adapté. Plusieurs de mes amis (dont en particulier Hubert Gerbeau que beaucoup connaissent) sont allés à ce titre aux Antilles. J'avais moi-même demandé à être affecté aux Antilles, mais les hasards de l'administration militaire m'ont envoyé dans l'Océan indien. Toujours les malices du destin! Qu'en serait-il advenu  si j'avais fait ma thèse, bien avant J. Bernabé, sur le créole martiniquais! J'ajoute d'un mot et cela ne surprendra personne que, travaillant sur la langue et la culture créoles, j'ai toujours été regardé à la Réunion comme un dangereux autonomiste!

Je passe sur les nombreuses années que nous avons passé ensemble dans le Comité International des Etudes Créoles, où Jean Bernabé n'était nullement un membre parmi 50 autres (une ânerie de plus au crédit de R. Confiant), puisque le CIEC dans son ensemble n'en comptait alors que 15. Par ailleurs, J. Bernabé, avec Danielle Jorre de Saint Jorre et Mervyn, Alleyne (sans doute eux aussi, parmi les créolistes, des membres du "camp de la réaction, de l'assimilationnisme et de l'agenouillement") et moi-même formions le bureau exécutif du CIEC. Il n'était donc nullement dans cette instance, désormais éminemment suspecte à ses yeux, un élément "de second ordre"!

Je terminerai cette mise au point par l'évocation de notre rencontre, fortuite, à Sainte-Lucie en janvier 2002, où selon le mot de Confiant, nous "fricotâmes". J'ai eu alors plusieurs conversations avec J. Bernabé que ma naïveté naturelle m'a fait juger amicales. Je n'en retiendrai que deux points, le premier concerne le CAPES créoles. J'ai découvert alors, non sans étonnement, que le GEREC était favorable à la bivalence. J'ai déjà parlé de cela et je n'y reviens pas car le second point est plus pertinent pour notre propos. Nous étions à table, moi-même (le "grand blanc", pour reprendre la terminologie du chabin - puisqu'il faut, selon les principes géréquiens classer et nommer ainsi les gens- ), Carpanin Marimoutou (le "coolie" toujours selon le même auteur; le "nègre" ne complétait pas ce trio infernal car il ne participait pas à ce colloque!). J'ai donc demandé à Jean Bernabé comment il avait pu, en novembre 2000, co-signer avec Confiant la lettre d'injures et de calomnies qu'ils m'avaient adressée alors. Il m'a répondu qu'il n'en avait rien écrit, sauf la formule sur le "professeur de second ordre" destinée à me faire enrager. Cela nous a tous fait rire car, venant d'un maître de conférences de deuxième classe stagiaire, la formule était pour le moins comique. J'ajoute, cerise sur le gâteau, que J. Bernabé, dans une intervention publique, en séance, s'est soudain livré, à la stupeur de Carpanin Marimoutou comme à la mienne, à un éloge inattendu de mon action personnelle dans le domaine des études créoles. Voici la traduction de ses propos tenus en janvier 2002 je le souligne : "Ce que je vais dire peut sembler paradoxal, mais si Robert Chaudenson, qui est ici, n'avait jamais existé, s'il n'avait pas été un intellectuel et un Créoliste, nous n'en serions peut-être pas là où nous en sommes aujourd'hui." (Jean Bernabé, Créolité et créolisation, Documenta 11_ Platform 3, Hatje Cantz, page 160). Chacun peut vérifier l'exactitude du propos dans cet ouvrage et ceux qui ne peuvent faire cette vérification peuvent me demander photocopie de la page 160 de cet ouvrage! Jean Bernabé, naturellement, n'a pas songé que les responsables de Documenta 11 enregistraient tout en vidéo! L'intervention orale a donc été transcrite, traduite et publiée! J. Bernabe s'inscrit désormais publiquement dans la longue lignée qui va de Judas à Ganelon et Iago, mais eux, au moins, n'avaient pas à craindre de se voir démasqués par le sérieux et la technique germaniques.


Dernier courriel de Don Ralph après la lecture de ma réponse à Bernabé.

De : Raphaël CONFIANT <Erreur ! Source du renvoi introuvable.>
Date : Fri, 13 Feb 2004 09:54:21 -0400
 Objet : Attention !

Laisse-moi te dire un truc ! C'est la dernière fois que tu élèves le ton
en t'adressant à moi. Tu as eu de la chance que ça se soit passé dans la
cour de la Fac sans quoi je t'aurais mis une tarte dans la gueule. TU N'AS
AUCUNE LECON A ME DONNER ! Quand tu avais besoin que moi (et Chamoiseau) pour
contacter Thierry Jean-Charles, puis Almont pour te trouver un boulot, tu
étais moins arrogant. Mais quand moi, j'ai été agressé par Chaudenson à la
fois à ATV et à sa conférence de l'IUFM où tu te trouvais, tu n'as pas eu la
décence :
1. de me téléphoner pour me dire ton soutien.
2. ou de m'envoyer un mail dans le même sens.
Oui, la simple décence, je ne parle même pas d'amitié. Deux jours, trois
jours, dix jours ont suivi les agressions de Chaudenson et ni toi ni Arsaye
(que j'ai fait recruter comme ATER à la Fac) ni ce maquereau de Pinalie que
tu défends aujourd'hui ni personne, PERSONNE !, ne m'ont manifesté leur
solidarité, même purement verbale. SALAUDS, VA !
Pinalie savait me trouver, quand il divorçait, pour que je lui fasse une
attestation CONTRE sa femme, ce que j'ai été l'un des très rares à faire.
Aujourd'hui, bien sûr, elle me hait. Et puis, tu as oublié les incidents
entre lui et ta nouvelle femme ! Tu as la mémoire vraiment courte.
ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE, TOUS ! Je n'ai pas d'amis dans cette Fac. mes
amis sont extérieurs à elle : Charlie, Camille etc...Et quand je lis
l'article de Chaudenson dans l'ANTILLA de cette semaine, je me dis que j'ai
eu ENTIEREMENT RAISON de riposter comme je l'ai fait. Vous êtes tous des
faux-jetons, des Judas-Ganelon-Iago comme dit Chaudenson :
1. Bernabé me fait préfacer son roman mais dans le même temps, il
l'envoie en douce à Chaudenson avec une dédicace !
2. Bernabé et moi co-signons un texte contre l'article anti-CAPES de
Chaudenson dans "Libé"__OUI? CO-SIGNE !__mais il rencontre Chaudenson à
Sainte-Lucie et il déclare qu'il n'a pas écrit cet article !!! Quiand on
co-signe, désolé !, on prend toute la responsabilité du texte co-signé.
Sinon, Chaudenson a raison, on est un Judas.
3. Bernabé fait un vibrant hommage à Chaudenson, enregistré à son insu, à
Sainte-Lucie devant un parterre de créolistes alors qu'on est en guerre
depuis 3 ans avec le bonhomme !
BRAVO, LES MECS, CONTINUEZ ! Et pour terminer, ton ami Pinalie, je vais
le démasquer devant X**** et Y*****, hypocrite qu'il est. Toujours en
train de se moquer de Y*****, de la traiter de "grosse vache" et tout. Pire
devant Mandibèlè et moi, il s'est permis de dire : "Je ne comprends pas
comment X**** et Y**** ont pu se payer un hôtal à Deauville ! Pourtant,
X**** n'est même pas vendable ! Il ne peut même pas la mettre sur le
trottoir. " (fin de citation) [Nous avons volontairement effacé les noms des deux personnes]
C'est ça des AMIS ? ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE, VOUS TOUS !
(Et tu peux envoyer mon mail partout, comme tu le fais d'habitude, pour
flatter Glissant et Chamoiseau)

CONFIANT
 



 
 
 
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